Saint-Malo : le fort de la Cité (3/3)

Le fort de la Cité avec au fond, la tour Solidor et l’usine marémotrice de la Rance.

Cette troisième et dernière partie d’article est consacrée au fort de la cité d’Aleth (ou fort de la Cité ou fort de Saint-Servan). Nous ne nous intéresserons qu’aux superstructures du fort, car lors de notre passage, le Mémorial 39/45, installé à 14 mètres sous terre dans un blockhaus était fermé.

Au cours du XVIIe siècle Saint-Malo joue un rôle important dans la guerre maritime que se livrent les royaumes de France et d’Angleterre. Pour protéger la ville, il est décidé de construire tout un ensemble de forts dans la baie de Saint-Malo (voir la première partie de l’article). Côté terrestre, deux forts sont construits, l’un à l’est, le fort de La Varde (voir la seconde partie de l’article) et le second au sud-ouest, le fort de la Cité pour empêcher tout débarquement.

Les fortifications françaises

En 1697, la Cité est dotée d’un armement de 6 canons de 18 livres, 17 canons de 12 livres et 2 canons de 8 livres manœuvrés par trois canonniers de mer et 40 canonniers issus de la Milice.

Le 5 avril 1700, Vauban rend son projet définitif pour Saint-Malo et Saint-Servan, mais ses plans restent dans les cartons…En raison notamment du refus des Malouins « accrochés à leur rocher », et de l’impossibilité technique et financière d’entreprendre de si gros travaux. 

Néanmoins, la première pierre du fort de Saint-Servan est posée le 28 avril 1759 sur un projet de l’ingénieur Amédée-François Frézier [célèbre pour avoir rapporté en Europe les cinq premiers plants de la fraise du Chili (Fragaria chiloensis à l’origine de la fraise de Plougastel)].

Le fort de la Cité positionné sur une carte d’état-major de 1820. Source Géoportail.

Il est construit sur la presqu’île de Saint-Servan et sur un promontoire dominant Saint-Malo, l’anse des Sablons, le port et la rade. Cet ouvrage, doté de fortifications et de casernes est édifié sur cette pointe rocheuse, relié au continent par un isthme qui de ses 21 mètres d’altitude s’avance de 500 mètres dans l’estuaire. L’extrémité triangulaire de cette pointe, avec des falaises côté mer et un terrain en pente douce côté terre, se prête parfaitement à la construction d’une fortification.

Carte postale d’avant-guerre de Saint-Servan. On remarque la tour Solidor, le « vieux fort » et le fort de la Cité.

Cette carte postale permet, en outre de montrer le fort sur toute sa longueur et surtout la gauche, la batterie basse, ronde et crénelée. Elle permet aussi de voir l'intégralité de la position.

Cette carte postale permet, en outre de montrer le fort sur toute sa longueur et surtout la gauche, la batterie basse, ronde et crénelée (vieux fort). Elle permet aussi de voir l’intégralité de la position.

Le fort primitif de forme trapézoïdale est muni d’une simple escarpe côté mer et d’un front bastionné, à l’est et au sud, un fossé est creusé dans le roc de l’autre côté. Une tour en demi-cercle est présente sur la face ouest.

Le fort de la cité vue côté mer. Sur la gauche du fort (cerclé de rouge), on distingue une pièce d'artillerie.

Le fort de la cité vue côté mer. Sur la gauche du fort (cerclé de rouge), on distingue une pièce d’artillerie.

À un kilomètre au sud-ouest de la ville, le fort de la Cité reçoit la mission de barrer l’estuaire de la Rance dont la remontée sur une dizaine de kilomètres par une flotte ennemie aurait été extrêmement dangereux. De plus, le fort permet de battre les accès aux plages sud de la ville.

Le fort de la Cité avant-guerre. Au fond, l’île de Harbourg.

Une vue rapprochée du "Fort d'Aneth". On distingue : l'entrée munie de son pont-levis, un des bastions de gorge d'entrée, le toit d'une caserne et la tour ronde.

Une vue rapprochée du « Fort d’Aneth ». On distingue : l’entrée munie de son pont-levis, un des bastions de gorge d’entrée, le toit d’une caserne et la tour ronde.

Le fort de la Cité, vu depuis la Vicomté de Dinard.

      Bastion du "fort Vauban", près de l'entrée. Photographie Fortification et Mémoire.La capitale d'un bastion. Photographie Fortification et Mémoire.La restauration du bastion de droite (2016). Photographie Fortification et Mémoire.Une fenêtre face à la mer percée dans la courtine. Photographie Fortification et Mémoire.

Le bastion de gauche du « fort Vauban » (par rapport à l’entrée). Photographie Fortification et Mémoire.

Très belle photographie, datée de 1931, du fort vu côté mer. Source Géoportail

Photographie aérienne de Saint-Servan en 1931. On remarque la tour Solidor et à l’extrême gauche, l’entrée et les bastions du fort de la Cité. On distingue aussi le marégraphe. Source Géoportail

Sur cette autre photographie aérienne de 1931 de Saint-Servan, on remarque sur la gauche, à l’extrémité du fort, une tour ronde qui pourrait être un encuvement pour une pièce d’artillerie (cerclée de rouge) que l’on croit deviner. Source Géoportail

Ce fort est occupé par l’armée française jusqu’en 1935, avant de tomber à l’abandon.

Les fortifications allemandes

« Plan de la forteresse de la Cité » dressé en 1946.

L’ouvrage de la Cité, à Saint-Servan, est modernisé par les ingénieurs allemands qui conservent les courtines et les bastions. Les nouvelles casemates sont coulées dans les ouvrages du XVIIe siècle. Seuls les blocs de combat sont apparents.

Ce Panzerwerk (codé Ra230), également nommé par les Allemands Zitadelle, est destiné à devenir un môle important de la défense de Saint-Malo. Pour assumer cette mission, ceux-ci construisent quatre casemates d’artillerie et un poste de direction de tir. Leurs canons croisent leurs feux avec ceux de Cézembre, mais aussi ceux de La Varde à l’est et la Garde Guérin à l’ouest. Cézembre peut tirer sur la Cité au cas où des ennemis auraient réussi à prendre pied sur les dehors du fort, et réciproquement.

Pour assurer la défense rapprochée du fort, 500 hommes occupent les 24 blocs de combat. Un gigantesque ouvrage souterrain est creusé, avec plus de 1 200 mètres de galeries desservant les blocs de combats, les défenses rapprochées, une zone vie (casernements, cuisine, hôpital, groupes électrogène) et des soutes à munitions.

Les travaux de fortification du fort de Saint-Servan commencent dés le début de l’année 1941. Sur le chantier, ce sont près de 2 500 travailleurs requis qui œuvrent jour et nuit. Ils s’achèveront en décembre 1943.

Autorités allemandes visitant le chantier de la Zitadelle (Panzerwerk Ra230). Au fond, se dessine la tour Solidor.

La distance séparant la pointe nord de la pointe sud de la presqu’île est estimée trop importante, il est donc décidé de creuser la roche pour relier les différents blocs de combat. Ce travail est confié à l’Organisation Todt qui réquisitionne tous les hommes alentours en âge de travailler. Au fort de la Cité, les quatre casemates d’artillerie sont implantées dans la falaise autour de la presqu’île. Un poste de tir (R636) est implanté dans la courtine nord, relié au souterrain par un puits à échelons. Ce poste de tir a un rôle important dans la défense de la Festung : l’observation vers le large, une conduite de tir pour les batteries situées dans le secteur de Dinard et une possible coordination des tirs des ouvrages voisins (soient qu’ils n’ont pas de vues directes sur la mer ou se trouvant trop éloignés dans les terres).

Fort d’Aleth, des officiers allemands examinent une carte d’état-major face à la cité corsaire, au niveau du bloc cuirassé Z11. En contrebas, le barrage d’obstruction des Bas-Sablons. Source Bundesarchiv.

La première tâche des ingénieurs de l’organisation Todt consiste en l’aménagement d’une route carrossable afin de pouvoir acheminer les matériaux nécessaires à la construction des différents blockhaus (on pratique aussi pour cela l’extension du tramway local). Puis, est réalisé un réaménagement de la cour intérieure du fort.

L’ouvrage souterrain

Plan des tunnels de la presqu’île de la Cité. Extrait du livre « Le mur de l’Atlantique sur la Côte d’Émeraude » d’Eric Peyle et Alain Dupont.

La construction des galeries commence par le percement de puits jusqu’à une profondeur entre 12 mètres et 14 mètres. L’ouvrage nord, percé, est creusé à sa base d’une galerie horizontale, de 3 mètres de large sur 2,60 mètres de haut, axée au sud-est puis au sud. Le second puits, moins profond, débouche sur deux embranchements, l’un vers le nord pour rejoindre l’autre section ; l’autre vers le sud, donc à l’opposé. Ces puits sont ensuite aménagés pour recevoir deux bunkers : une casemate R633 (Z24) pour un mortier (puits sud, au centre du fort) et un pour le poste tir R636 (Z22) (puits nord).

Construction d’une casemate avec sa cloche blindée au fort de cité, peut-être le R112 (Z12). Source Signal.

Les entrées au complexe souterrain sont au nombre de deux (une pour les hommes et l’autre pour les munitions). Elles se situent sur la plateforme rocheuse à la pointe sud de la presqu’île, sur un ressaut de la falaise. Elles débouchent sur un chemin à contre-pente dominant le petit port de Solidor. Ses entrées, 2,50 mètres de haut sur 3 mètres de large, n’ont fait l’objet d’aucun revêtement de façade particulier. La galerie principale remonte vers le fort de la Cité, puis oblique à l’est pour déboucher dans la falaise, face à l’ouvrage de Flak lourde du fort du Naye [situé à l’emplacement de l’actuelle gare maritime, le fort de la Naye est construit de 1833 à 1843. Durant la mise en défense de Saint-Malo par les Allemands, l’enceinte de ce fort est dotée de trois abris dont un avec une cuve pour le matériel anti-aérien. Ses abords sont armés d’une puissante batterie anti-aérienne. Celle-ci comporte 6 encuvements pour canons de 105 millimètres, 2 ouvrages pour des canons de 20 millimètres, 2 abris et une casemate pour canon de 50 millimètres. Cette batterie lourde anti-aérienne est détruite dans la nuit du 7 août au 8 août 1944, lorsque les Allemands dynamitent l’ensemble des installations portuaires, dont l’écluse et le Môle des Noires.].

                      L'entrées des munitions de la galerie souterraine. Photographie bunkersite.comL'entrée des hommes. Photographie FortificationetMémoire 2018.

À partir de l’entrée ouest de cette galerie part une voie étroite de 60 centimètres sur laquelle circule des wagonnets (munitions et matériels). Un radier [plancher de maçonnerie] abrite les câbles électriques et les circuits d’eau. Celle-ci, de l’entrée à la bifurcation, mesure environ 500 mètres. Parallèlement au réseau principal, une série de tunnels est creusée sous le fort, ramifiée en plusieurs endroits à la galerie principale,et formée de 3 ouvrages longs de 35 mètres et larges de 5 mètres, revêtus de briques, pour servir de logement à la garnison. Les officiers bénéficiant d’espaces cloisonnés en briques, tandis que le personnel loge dans ces immenses dortoirs. Ces derniers sont équipés de lits à ossature bois à 3 niveaux.

Le réseau fait près de 1 200 mètres de longueur et compte 14 galeries.

Percement d’une des galeries souterraines du fort de la Cité.

Les blocs de combat

« Plan der Zitadelle« . Plan dessiné des emplacements de combat du fort de la Cité. Les postions sont codées Zxx.

En partant des entrées (zone sud de la presqu’île) et en se dirigeant vers les ouvrages du fort de la Cité (zone nord de la presqu’île). Les postions codées Zx, le sont par rapport au plan allemand.

Cette photographie aérienne d'après-guerre permet de visualiser l'intégralité de la presqu'île, cerclée de rouge le marégraphe.

Cette photographie aérienne d’après-guerre permet de visualiser l’intégralité de la presqu’île, cerclée de rouge le marégraphe.

Près du marégraphe, un ouvrage d’infanterie R112a (Z1) autonome et non relié aux galeries souterraines, de 660 m3 de béton, et destiné à couvrir les entrées grâce à deux Maschinengewehr 34 (MG.34) à rotule installées sous une cloche blindée à 6 embrasures (20P7, d’une épaisseur de blindage de 25 cm, et d’un poids de 51 tonnes). Ce bloc accueille 9 soldats et dispose d’un système de ventilation H.E.S. et d’un système de chauffage par un poêle de forteresse au bois ou au charbon.

Blockhaus de type R 112 avec une cloche blindée à 6 embrasures.

  La cloche blindée du R112 (Z1), elle présente quelques impacts sur sa face, côté mer. Au fond, le rocher Bizeux, entre la Pointe de la Vicomté et les Corbières. Photographie bunkersite.comLa cloche blindée du R112 marquée par les impacts de l'artillerie américaine. Photographie fortification et mémoire.L'entrée du blockaus porte encore les traces des obus américains. Photographie bunkersite.comLe blockhaus R112 en 2017. Photographie Fortification et Mémoire.

Marquage sur une cloche blindée. Photographie Fortification et Mémoire.Six blocs de la Festung sont équipés de cloches blindées à 6 embrasures en acier d’une épaisseur variant suivant les types (35P8 ou 20P7). En général, cette épaisseur est de l’ordre de 30 centimètres à 40 centimètres. Leur diamètre est de 2,25 mètres. Leur poids s’établit autour de 50 tonnes. Le pourtour de la chambre de tir est percé de trois épiscopes. Ceux-ci sont caractérisés par un cône cylindrique percé en leur milieu d’une lucarne rectangulaire. Elles disposent d’un périscope. Les cloches sont prévues pour un emploi de deux mitrailleuses à raison d’une arme par tranche de 3 créneaux. Ceux-ci étant décalés les uns par rapport aux autres de 60 degrés. L’arme employée est une Maschinengewehr 34 (MG.34) de 7,92 millimètres. Les créneaux peuvent être obturés par des masques blindés verrouillables (obturateurs 8192E1).

      Schéma d'une cloche blindée pour mitrailleuses, dessin de Philippe Truttman.Détail de l'intérieur d'une cloche blindée.Mitrailleuse MG.34 muni de son support spécifique pour cloche blindée. Ce montage est visible dans le Mémorial 39/45. Phographie armuria.forumactif.comIntérieur d'une des cloches blindées du fort de la Cité, les obturateurs sont encore en place. Photographie Fortification et Mémoire.

À l’emplacement du vieux fort, une casemate-abri R112a (Z3) équipée d’une cloche blindée à 6 embrasures (type 35P8).

  Cloche cuirassée de l'abri R112 (Z3) laminée et percée par les tirs américains. Source bunkersite.comeGros plan sur la cloche blindée. Photographie Fortification et Mémoire.Un obus s'est fiché dans la cloche. Photographie Fortification et Mémoire.Soldats américains admirant le travail de leurs artilleurs sur cette cloche blindée.

La cloche blindée du R112a. Photographie fortification et patrimoine.

Face à la route menant aux entrées, une casemate R506 (Z2) (12,20 mètres par 11,80 mètres) armée d’un Festungpak de 4,7 centimètres Skoda 36 (tchèque) [cette arme mixte, canon antichar et  mitrailleuse de forteresse, d’origine tchécoslovaque devant à l’origine équiper la ligne Beneš, (la ligne Maginot de Tchécoslovaquie en 1938)] prend en enfilade le fossé antichar extérieur et bloque l’accès terrestre à la presqu’île. Des rails antichars sont installés devant l’embrasure de tir. Cette casemate est reliée à la galerie principale par un plan incliné.

  Embrasure de tir du blockaus R506 avec sa pièce de 4,7 centimètres Skoda toujours en place. Source bunkersite.comVue rapprochée de l'embrasure de tir du blockaus R506 avec sa pièce de 4,7 centimètres Skoda toujours en place. Photographie Fortification et Mémoire.Détail de l'embrasure de tir du blockaus R506 avec ses différentes plaques de blindage. A remarquer les coups presque au but de l'artillerie américiane. Source bunkersite.comDétail de l'embrasure du blokhaus. Photographie Fortification et Mémoire.

Le canon Skoda de 47 millimètres est une arme de forteresse d’origine tchèque, à la dénomination initiale de 4 cm Kanon Vz 36 (modèle 1936), et prévue pour être installée sous casemates au sein de la ligne défensive de Tchécoslovaquie, la  ligne Beneš. C’est une pièce antichars semi-automatique d’une redoutable efficacité fabriquée par les usines Skoda. Il s’agit d’une arme mixte emprisonnée dans une rotule s’adaptant dans un évidement pratiqué dans une plaque de blindage formant l’embrasure de tir. Ce matériel de forteresse est également équipé d’une mitrailleuse de type MG 37 (t) pouvant être employée indirectement avec le canon. Une lunette de visée englobée dans la rotule permet l’observation extérieure.
Le champ de battage de l’ensemble du dispositif est de 45 degrés en horizontal et -18 degrés à +12 degrés en vertical. La portée du canon varie en fonction du projectile utilisé, elle est de l’ordre de 5 500 mètres.
Récupéré par les Allemands pour équiper le Mur de l’Atlantique, le canon porte l’appellation de 4,7 cm Pak 36 (t) (Panzerabwehrkanone-Kasematt 36 (t)). L’obus de rupture de 1,65 kilogramme permet de percer des blindages de 52 millimètres à une distance de tir de 100 mètres et sous un angle de 30 degrés. Cette pénétration n’est plus que de 35 millimètres à 1 500 mètres.
L’arme est constituée d’un affût solidaire d’une trémie par deux plaques ou flasques coudées de chaque côté du tube, et coulissant sur un ensemble à pivot. La rotule suit donc le canon dans ses mouvements. Des ressorts situés dans des cylindres sous l’arme servent à équilibrer l’ensemble.

L’ensemble arme – rotule est solidaire d’un blindage 770 P4 de 6 centimètres d’épaisseur assurant la protection frontale de la pièce, blindage pesant la bagatelle de 1 500 kilogrammes. Devant cette plaque blindée coulisse verticalement un volet mobile de 10 centimètres d’épaisseur, manœuvrable à l’aide d’une manivelle et d’un contre-poids depuis la chambre de tir. Cette manœuvre est facilitée par le contrepoids. L’obturateur blindé est descendu au niveau du sol pour permettre le tir, et remonté en position fermée. En règle générale la manivelle est située contre le mur gauche ou droit de la chambre de tir, à proximité immédiate du canon. En position d’obturation c’est à dire avec la plaque de blindage remontée devant l’embrasure de tir, le contre-poids vient se loger dans un évidement adaptée au niveau du sol.
Une gaine située sous l’arme évacue les douilles à l’extérieur dans une fosse à l’avant de l’embrasure, fosse profonde de trois mètres.

      Magnifique pièce de 47 millimètres Skoda de forteresse à rotule, encore présente dans la casemate R506 (Z2). On remarque la tringerie du système de contrepoids.La même pièce de 47 millimètres de nos jours (2015) dans le blockaus R506 (Z2). Source le Pays Malouin.Magnifique photographie d'un canon de 47 millimètres Skoda. Source dday-overlord.comSchéma d'un canon de 47 millimètres Skoda sous casemate d'après Philippe Truttman.

Ensuite face à Dinard, l’on trouve accessible depuis la galerie principale, deux casemates R625 (Z4-Z5) abritant chacune un 7,5-cm-PanzerabwehrKanone 40 (canon antichar P.A.K. 40 de 7,5 centimètres). Les Allemands ont saboté une des pièce au moment de leur reddition. La pièce est toujours en place dans la première casemate. Une grande soute existe à proximité.

  Dans une des chambres de tir d'un des deux R625, subsiste un vestige d'une pièce de 75 mm Pak 40.Le canon antichar de nos jours. Photographie Phil DeFer.Canon anti-char allemand 7.5 cm PaK 40 - Grand-Place, Burdine (Belgique). Photographie Jean-Pol Grandmont.
      Face avant du blockhaus R625 (Z4). Source bunkersite.comIntérieur du blockhaus R625 (Z4). A remarquer les restes du système de ventilation. Source bunkersite.comFace avant du blockhaus R116 (Z5). Source bunkersite.comA l'entrèe de la chambre de tir, les restes d'un véhicule Citroën. Dans les années 1970, une champignonnière a été installée dans les galeries. On voit ici ce qui reste d'un véhicule amené par la société qui l'exploitait. Ce qui permet au passage de vérifier que les galeries étaient assez larges. Source bunkerSite.com

Dinard vu depuis les embrasures des blockhaus R625 (Z4-Z5). Photographie Fortification et Mémoire.

Un escalier de 56 marches conduit à un abri hybride pour 10 hommes avec deux blockhaus accolés de types R501/R621 (Z6).

      La seule partie visible du blockhaus R621 modifié (Z6). Source bunkersite.comL'escalier conduisant de la galerie au blockhaus R501/621. Source bunkersite.comL'abri R501 avec sa porte blindée. Source bunkersite.comL'accés à l'abri R621. Source bunkersite.com

Puis la galerie se prolonge et bifurque vers un R114a (Z7) avec une cloche blindée à 6 créneaux pour MG 34 (type 35P8) émergeant à l’extérieur au niveau du sol pour faire un barrage anti-infanterie de ses feux de mitrailleuses.

    Cloche blindée de type 20P7 du blockhaus R114a (Z7). Cette face a été soumise aux tirs des Américains. Source bunkersite.comFace intacte de la cloche blindée. A remarquer l'épiscope, au centre des deux créneaux de tir. Au centre, le bouchon du périscope. Source bunkersite.comCloche blindée du R114a (Z7). Photographie Fortification et Mémoire.Un long tunnel mène à des marches en béton et à l'une des deux entrées du blockhaus R114a (Z7). Celui-ci aurait également une entrée par le fossé sec du fort. Source bunkersite.com

Ensuite, l’on débouche sur le complexe souterrain du fort : les casernements, les citernes à eau potable (Trink-Wasser) d’une contenance totale de 150 000 litres, des soutes à munitions, la cuisine et la salle des machines disposant de 3 groupes électrogènes diesel de 45 chevaux.

  Une vue du casernement souterrain et au premier plan, une citerne à eau (Trink-Wasser).La galerie creusée dans le roc. Source Le Pays Malouin.Les galeries étaient aménagées pour permettre à la garnison de vivre sous terre. Tout le mobilier a disparu mais il reste quelques traces, comme ces tuyaux, qui étaient utilisés pour un poêle. source Le Pays Malouin.L'usine souterraine d'Aleth avec ses trois plots pour les groupes électrogènes. Au premier plan un ancien atelier dont les murs de briques ont été démolis. Source Le Pays Malouin.

Puis la galerie continue vers le puits menant au R633 (Z24), abri avec tourelle blindée pour mortier de forteresse M19 de 50 millimètres automatique occupé par 14 hommes (ouvrage anti-infanterie avec des tirs courbes sur 360 degrés, cadence de tir 120 coups par minute !).

Il possède une lunette panoramique monoculaire pour l’observation. Le M19 est en liaison étroite avec les observatoires situés dans les bastions par des câbles enterrés.
Les objectifs: En coordination avec les mitrailleuses des blocs de combat de la cour intérieure qui obligent, par le feu intense des armes automatiques, l’ennemi à se terrer. Le mortier intervient pour le déloger à nouveau et l’obliger à battre en retraite. La cour est ainsi balayée sans angles morts. De plus, il peut intervenir dans un rayon de 600 mètres, couvrant les fossés et le glacis extérieur.

Cette cloche affleurant le centre de la cour s’avère très dangereuse, car elle est quasiment invulnérable. Cette position est aujourd’hui remblayée.

   La galerie au pied de l'accès à l'abri pour mortier (Z24). A remarquer : la cloison de briques et les traces de la voie de 60 qui parcourait la galerie. Source bunkersite.comPuits conduisant à l'abri pour mortier de 5 centimètres (Z24). On y accédait par un escalier en bois. Source bunkersite.comDétail d'une inscription présente dans le puits (visible en bas à gauche de la photographie précédente) : "Rauchen verboten", défense de fumer. Source bunkersite.com

De là, on peut rejoindre trois salles dortoirs pour 100 hommes (longueur : 35 mètres, largeur : 5 mètres), dont l’une servait à loger l’état-major.

    Portes blindées à l'intérieur de la galerie. Source Le Pays Malouin.Sur cette image, on voit que la galerie brute, qui constitue la majorité des tunnels, arrive dans une partie aménagée et renforcée. Source Le Pays Malouin.

Plus loin dans la galerie, on débouche sur deux abris à cloche (type 20P7) R112a (Z11-Z12).

      Cloche blindée (20P7) du blockhaus R112a (Z11) au pied du poste directeur de tir R636 (Z22). Photographie Fortification et Mémoire.La cloche blindée du R112a (Z11) vue depuis le poste directeur de tir. A l'horizon : l'île de Cézembre, le Petit Bé et le Grand Bé. Source bunkersite.comCette cloche blindée porte la trace des coups au but, avec un obus encore encastré dans le blindage de la tourelle. Photographie Fortification et Mémoire.Cloche blindée du blockhaus R112a (Z12). Photographie Fortification et Mémoire.

Au nord, le puits d’accès à une casemate pour mitrailleuses cuirassées à plusieurs niveaux R105c (Z19) avec une cloche blindée d’observation (type 486P2) [le site en comporte sept, réparties dans les angles en flanquement des fossés – deux sont surmontées d’une cloche d’observation de type 486P02].

A l'angle d'un bastion nord, le toit du blockhaus R105 (Z19) et sa cloche blindée d'observation. Source bunkersite.comLa cloche blindée d'observation porte encore les traces des combats. Au fond, Saint-Malo. Source bunkersite.comL'accès au blockhaus depuis les galeries. Source bunkersite.com Le puits d'accès à la casemate. L'escalier en bois à depuis longtemps disparu. Source Le Pays Malouin.      

À proximité, une casemate R611 (Z20) battant la baie de Saint-Malo avec son canon de campagne de 10,5 centimètres.le.F.H.16 (les restes de ce canon sont toujours en place). Cette casemate aurait été touchée de plein fouet par l’artillerie américaine.

      La face avant de la casemate R611 (Z20). Le canon de 105 millimètres est en direction du port de Saint-Malo. Source bunkersite.comLa longue galerie menant à la chambre de tir. Cette partie sous roc a été bétonnée. Les renfoncements ont peut-être servi pour le stockage des munitions. Source bunkersite.comLes portes blindées fermant la casemate. Celle de droite est à double volets. La bifurcation à gauche conduit au blockhaus R667 (Z25). Source bunkersite.comLa pièce de 105 millimètres encore présente dans sa casemate. Source Le Pays Malouin.
  Canon de campagne allemand 10.5 cm leichte Feldhaubitze 18 (10.5 cm le.F.H.18). Source Wikipédia.Canon de campagne allemand 10.5 cm leichte Feldhaubitze 18 (10.5 cm le.F.H.18). Source Wikipédia.

En dessous, du R112a (Z11), on trouve une casemate R667 (Z25) pour un canon anti-char de 50 millimètres Kampfwagenkanone L60. Cette casemate est accessible depuis un embranchement près de la casemate Z20.

    Casemate R667, codée Z25. Postionnée entre les casemates Z11 et Z20, elle tient sous son feu l'ensemble des bassins de Saint-Malo. Photographie Bunkersite.Schéma type du blockaus R667.Caractéristiques d'un blockaus type R667.

De l’autre côté du promontoire, l’on trouve un abri à cloche (type 20P7) R114a (Z10) et une autre casemate R611 (Z21) couvrant l’anse Solidor avec son canon de 10,5 centimètres.le.F.H.16 (toujours en place), avec la présence de 2 petites soutes à munitions. Ces deux casemates sont accessibles par les galeries souterraines.

      La coupole blindée à 6 embrasures du R114 (Z10). Au fond, les remparts de Saint-Malo. Source bunkersite.comCe blockhaus est aujourd'hui quasiment remblayé. Source bunkersite.comLa chambre de tir possède encore ses deux portes blindées, dont une à vantaux. On aperçoit la pièce d'artillerie toujours en position. Source bunkersite.comLe canon de 10,5 centimètres.le.F.H.16 toujours en position de tir. A noter les trois marches au niveau de l'embrasure (aujourd'hui bouchée par un mur de ciment), le système d'attelage de la pièce. Source bunkersite.com

En arrière, sur le côté est, est creusé en 1944 un autre fossé antichar. On y trouve, un abri R504 (Z8) pour un canon antichar. Celui-ci a sans doute servi d’abri pour le personnel, de lieu de stockage pour les transmissions et avec un petit central téléphonique. Il est reliè au système de galeries par un escalier de 67 marches. Pour découvrir un Regelbau 504.

Le blockhaus R504 (Z8) à demi-enterré. Source bunkersite.comLes portes du garage pour la pièce anti-char. Ce canon est en principe un 3.7cm Pak 35/36 (ou autres pièces d'artillerie de ce gabarit). Cette porte de type 722P3 est en deux partie : une porte pleine et une porte à deux vantaux (sur la photographie, on en distingue les différentes rainures). Source bunkersite.comL'escalier partant de l'abri et conduisant aux galeries. Source bunkersite.comSchéma d'un R504. Source le-pingouin-62.chez-alice.fr      

En surface (avec accès par la galerie souterraine, entre Z11 et Z12), en pointe nord-ouest du fort se tient le poste de direction de tir, un Leibstand R636 (Z22) sans cuve de télémétrie, typique de l’Armée de Terre. Le télémètre de ce poste de tir, de moindre taille en raison de l’absence de cuve et de la place restreinte du bloc, est installé dans la salle d’observation à visière frontale. Lui est adjoint un appareillage complémentaire pour le calcul du gisement (lunette goniométrique) par la mesure des écarts angulaires horizontaux dans le réglage des tirs. Un correcteur de parallaxe effectue la correction latérale des indications de gisement, avant de transmettre les informations aux canons.

Le poste directeur de tir avec, à ses pieds la cloche blindée du R112 (Z11). Source atlantikwall.co.uk

Le R636 est construit en protection B, avec des murs et une toiture de 2.00 mètres. L’implantation demande 960 m3 de béton armé et 48 tonnes de fers arrondis pour une structure en profilés de 8 tonnes. L’intérieur du bloc se décompose en 7 pièces : la salle d’observation abritant le télémètre et les instruments de visée et de pointage, principalement pour la recherche maritime et l’appui des ouvrages voisins. Il faut noter que la taille du télémètre n’est pas un handicap pour le site dont la fonction première est l’observation et la coordination, puis dans un second temps le commandement. En effet, le poste de commandement principal de la Festung Saint-Malo se situe dans les souterrains de la montagne du Val et non dans le fort de la Cité. Ce n’est que lors de l’approche des combats que von Aulock y transfère son quartier général, comme prévu dans les plans initiaux. Ceux qui ont pu y pénétrer on remarqué que dans la salle d’observation, l’angle de vision est restreint. La vue n’est pas très dégagée vers la cité malouine, bouchée devant par les îles du Petit Bé et du Grand Bé, et au large par l’île de Cézembre. En partie pour combler la lacune de l’observation, les Allemands ont réalisé deux cloches d’observation complémentaires, la première construite sur un bunker R105 dans le revers du bastion nord-ouest (Z19), la seconde au sommet d’une casemate R105 sur le saillant nord-est (Z18). Ces 2 cloches sont en relation avec le poste directeur de tir R636. C’est le poste de direction de tir M157 à plusieurs niveaux de l’île de Cézembre au large qui assure la fonction de surveillance.

Vue en contre-plongée des deux éléments (côté mer) du poste directeur de tir R635 (Z22). Toutes les ouvertures ont été obturées. Source bunkersite.com

La salle des cartes, calculs et données a été au fort d’Aleth, contrairement au plan type du R636, compartimentée en quatre espaces : une chambre d’officiers, un local radio et transmissions, un central téléphonique, une chambre pour le personnel. Chacun de ces espaces recueille les informations en provenance de l’extérieur sur les mouvements ennemis. Ce poste de tir est servi par : 2 officiers de tir, 2 observateurs auxiliaires, 2 observateurs de l’ennemi,  1 opérateur au chronomètre, 1 opérateur pour la mesure des distances, 1 calculateur de correction latérale. Le poste de calcul est occupé par un officier et 9 hommes, la salle des transmissions par un sous-officier et 4 hommes.

    Maquette du poste de tir visible à l'acceuil du musée. Photographie fortification et Mémoire.Maquette du poste de tir visible à l'acceuil du musée. Photographie fortification et Mémoire.

Dans la salle des cartes se trouve également le puits de descente communiquant avec les galeries profondes. Le poste de tir dispose d’une caponnière de protection arrière.

Escalier conduisant au poste de tir. Source Le pays Malouin.

Le poste directeur de tir et le double blockhaus vus depuis Dinard. Photographie Fortification et Mémoire (2022)

La cour du fort

La cour du fort de la Cité après les combats d’août 1944. Les rails anti-chars plantés dans la cour pour dissuader toutes tentatives aéroportées. On remarque à gauche les deux casemates R105 (Z14 et Z13) et en hauteur le poste directeur de tir (Z22) ; au cente, avec son canon renversé et le drapeau américain, la tour Flak (Z23) et à droite l’entrée du fort. Source www.dday-overlord.

Le bastion nord du fort avec les blockhaus R635 (Z22) et R105c (Z19), avec des locaux datant de l’ancien fort. Photographie Fortification et Mémoire.

Dans la cour du fort, intégrés aux bases de la  tour circulaire du fort, deux casemates R105b (Z13-Z14) pour MG.34 sous rotule en parois blindée (78P9) de 3 mètres par 3,80 mètres avec une épaisseur de 20 centimètres. De leurs feux, ils couvrent la place d’armes du fort et ses abords extérieurs, à droite et à gauche de la tour circulaire.

      Les deux blockhaus R105 (Z13-Z14) couvrant de leus mitrailleuses la cour du fort. Photographie Fortification et Mémoire.Trémie de tir, rotule (absente) de la mitrailleuse et son épiscope, du R105/Z13. Photographie Fortification et Mémoire.La trémie arrière du R105/Z13 couvrant les abords extérieurs du fort. Photographie Fortification et Mémoire.Schéma du blockhaus 105d. Source Patrick Fleuridas.
La face arrière du R105/Z13. Photographie FortificationetMémoire 2018.

La face arrière du R105/Z13. Photographie Fortification et Mémoire 2018.

Dans le bastion nord, outre le Z22, on trouve la casemate MG  R105c (Z19) munie d’une cloche d’observation blindée (type 486P2). Dans le bastion est (en losange), une casemate composite R105d/R105c (Z18), c’est-à-dire 2 casemates MG couplées disposant d’une cloche blindée d’observation (type 486P2).

      Le bastion nord-ouest est transformé en bloc de combat (Z18). Visible sur la photographie : un blockhaus 105c avec une tourelle blindée d'observation sur le dessus et un blockhaus 105d en bas, tous deux munis d’une MG 34 positionnée derrière une plaque blindée. Photographie Fortification et Mémoire.De l'autre côté se trouve une trémie de tir MG pour couvrir le fossé vers le côté ouest. Photographie Fortification et Mémoire.Cette face du bastion a été particulièrement touchée par l'artillerie américaine. La trémie de la MG "haute" de la casemate est en partie déchausée. Souce bunkersite.comAu même endroit que la photographie précédente. Les redans du fort ont été aménagés par les Allemands pour recevoir des casemates R105 pour mitrailleuses cuirassées. A noter le camouflage visant à incorporer le béton aux vieilles pierres du fort. Source Bundesarchiv.
Soldat américain examinant la cloche blindée d’observation du bloc de combat. Source archives armées américaine.

Soldat américain examinant la cloche blindée d’observation du bloc de combat. Source archives armées américaine.

À sa capitale, une casemate MG R105d (Z9), très endommagée, il n’en reste plus grand chose. Ces casemates R105 en tir opposé flanquent les fossés du fort (équipage 7 hommes). Dans le bastion droit, en regardant l’entrée, deux casemates hybrides R105d/R105b (Z16 et Z17), c’est-à-dire 2 casemates MG couplées (empilées) entres elles. C’est par le blockhaus Z17 que l’on pénètre dans le Mémorial 39/45.

      Détails de la plaque blindée supérieure de la MG de la casemate R105 (Z16). Au fond, le canon de 40 millimètres Bofors renversé dans sa cuve. Photographie Fortification et Mémoire.Aperçu des casemates Z16 installées dans le coin du bastion couvrant l'entrée du fort. Source bunkersite.comDétail de l'entrée des casemates R 105 et de sa trémie (Z16). Photographie Fortification et Mémoire.Casemates MG (Z17) couvrant le fossé nord de l'ouvrage. On distingue des deux étages des mitrailleuses MG. Source bunkersite.com

Dans la cour du fort. A gauche, la double casemate R105 (Z17) et à droite le blockhaus L410a (Z23) avec son canon renversé dans sa cuve. A leur pied, quelques obstacles de plage. Photographie Fortification et Mémoire.

Dans la cour du fort, après les combats, près des casemates R105 (Z17).

La double casemate R105d/105b (Z17) et ses entrées. Au-devant, des obstacles de plage. Photographie Fortification et Mémoire.

Sur les dessus du fort sont implantées trois cuves de défense contre avions (D.C.A.) pour 3 canons de 4 centimètres Flak 28 Bofors, aménagées, pour deux d’entre-elles, sur le toit des casemates R105 (Z16 et Z17).

  Une des deux cuves pour les canons antiaérien sur le toit des casemates R105. Photographie Fortification et Mémoire.Une des deux cuves pour les canons antiaérien sur le toit des casemates R105. Photographie Fortification et Mémoire.

Le poste de commandement de la Flak et du secteur de Saint-Malo lors de l’assaut final est disposé entre les deux R105 (Z16 et Z17), en l’occurrence dans un ouvrage de type L410a modifié (Z23). Les restes d’un de ces canons sont toujours visibles, basculé par l’effet de souffle des bombardements, dans sa cuve sur le toit du L410a. Il s’agit l’unique point de défense antiaérien de la position.

       La cuve du canon de 40 millimètres sur le toit du blockhaux L410a (Z23). Photographie Fortification et Mémoire.Le canon de 40 millimètres renversé sur le toit du blockhaux L410a (Z23). Photographie Fortification et Mémoire.Soldats américains posant sur le toit du L410a. Le bastion est presque éventré par les coups de l'artillerie et des bombes américaines.Soldats américains plantant leur drapeau dans le fût du canon de 40 millimètres. Cette photographie n'est pas sans rappeler celle prise par Joe Rosenthal, le 23 février 1945, quand six soldats américains plantent leur drapeau sur l'île d'Iwo Jima.

Le canon Bofors de 40 millimètres est entré dans la légende des canons anti-aérien, il en est d’ailleurs le représentant le plus connu. Extrêmement efficace, ce canon d’origine suédoise est produit dans d’énormes quantités dans énormément de pays et il est toujours utilisé de nos jours. En 1928, la marine suédoise commande à AB Bofors de concevoir un nouveau canon antiaérien léger et le premier modèle est produit en 1930, il s’agit d’une version avec deux canons montés sur un affût. Les versions produites par la suite vont devenir le meilleur canon de D.C.A. du monde.

  Maquette d'un canon de 40mm Flak 28 Bofors.Maquette d'un canon de 40mm Flak 28 Bofors.

Ce canon tire un projectile puissant à haute vitesse et haute altitude, en faisant une arme redoutable capable d’abattre n’importe quel avion à sa portée. En quelques années, l’usine AB Bofors de Karlskroga croule sous les commandes, de plus, beaucoup de pays fabriquent des canons sous licence sur leur propre territoire. En 1939, le Royaume-Uni et la France doivent s’armer en urgence, ils passent donc commande en Suède et dans les pays qui ont acheté des Bofors avant la guerre (en particulier la Pologne). Les Anglais baptisent le canon Bofors, le « pom-pom« , à cause de son bruit caractéristique lorsqu’il est dans sa version bi-tubes.

 

Le 40 mm Bofors est un canon antiaérien conçu par l’armurier suédois Bofors au début des années 1930.

Les Polonais modifient ce canon pour en faire une version plus légère baptisée : « 40 mm armata przeciwlotnicza wz.36« . Après 1940, les principaux fabricants de canons Bofors deviennent le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces derniers l’adoptent sous le nom : « 40 mm Gun M1« . Les Allemands s’en servent sous la désignation : « 4 cm Flak 28 (Bofors)« . Les Soviétiques en reçoivent également quelques-uns par les Américains. Ainsi, ce canon servit sous tous les fronts et en énormes quantités.

  Canon de 40 millimètres Bofors britannique devant le pont de Bénouville (Pégasus Bridge). Source cbx41.comCanon de 40 millimètres Bofors britannique devant le pont de Bénouville (Pégasus Bridge). Source cbx41.com

D’autres éléments dans la cour :

      Tourelle de char FT17 sur un socle devant l'entrée du Mémorial. Photographie Fortification et Mémoire.L'entrée du fort de la Cité. Photographie Fortification et Mémoire.

Porte blindée étanche à deux vantaux de type 434P01, d’un poids de 640 kilogrammes. Cette porte permettant d’accéder au fort a été percée dans la courtine entre les blockhaus Z17 et Z18. Photographie Fortification et Mémoire.

                    Plaques commémoratives en l'honneur des libérateurs de Saint-Malo. Photographie Fortification et Mémoire.Plaques commémoratives en l'honneur des libérateurs de Saint-Malo. Photographie Fortification et Mémoire.

Les défenses rapprochées sont constituées par les cloches d’acier à six créneaux  implantées sur le pourtour du chemin couvert longeant le fossé du fort. De plus, l’isthme de la presqu’île du sud-ouest au nord-ouest est hérissé de rails antichars, cet obstacle est sous le feu du canon Skoda de 47 millimètres. De nombreux réseaux de barbelés, couvert par les mitrailleuses des cloches blindées ceinturent le fort.

Les combats d’août 1944

Vue aérienne de l’anse Solidor, avec la tour éponyme sur la gauche, et au premier plan, Saint-Servan et au fond, le fort de Cité. On peut remarquer les dégâts collatéraux des effets de la bataille pour la prise du fort sur la photo avec les bâtiments détruits. Sur la plage, trois rangées de rails anti-chars. Source dday-overlord.com

Dès le début des combats pour la libération de Saint-Malo, le fort de la Cité devient rapidement  le poste de commandement du colonel von Aulock. Il va faire tenir le fort du 6 août au 17 août 1944.

Le colonel Andreas von Aulock vient de se rendre, signifiant ainsi la fin de la bataille de Saint-Malo. On le voit ici sortant du fort de la Cité, au fond les rails du barrage anti-chars sur les glacis du fort. Source archives armée américaine.

Le colonel Andreas von Aulock vient de se rendre, signifiant ainsi la fin de la bataille de Saint-Malo. On le voit ici sortant du fort de la Cité, au fond les rails du barrage anti-chars sur les glacis du fort. Source archives armée américaine.

L'Oberst Andreas von Aulock de la 79. Infanterie-Division (debout dans la jeep) discute avec des prisonniers allemands dans une rue de Saint-Malo.© Lawrence Riordan 1944.

L’Oberst Andreas von Aulock de la 79. Infanterie-Division (debout dans la jeep) discute avec des prisonniers allemands dans une rue de Saint-Malo.© Lawrence Riordan 1944.

 

Après la chute de la ville, les chars américains peuvent aisément prendre à partie les cloches blindées et les embrasures des casemates se dessinant sur l’horizon. La plupart des casemates et des cloches sont soit, mises à mal par des coups directs, soit déchaussées ou soit rendues inopérantes par blocage de la rotule des armes. En revanche, ni l’aviation, ni l’artillerie n’ont porté des coups décisifs. 

Bombardement sur le fort de la Cité.

Un avion vient de bombarder le fort.

Un avion vient de bombarder le fort.

Un coup au but !

Un coup au but !

En dépit du matraquage dont il fait l’objet, le fort annihile deux assauts des soldats américains du 329th « Buckshot » et des F.F.I. qui pénétrant dans la cour sont repoussés par les tirs de mitrailleuses venus des casemates. Ce n’est que le 17 août vers 15h00 que le fort capitule tandis que l’île de Cézembre ne se rendra que le premier septembre.

Peu après la bataille. Cette face du fort présente de nombreux impacts et de gros dégâts. Au premier plan, le mur de rails antichars, sur le devant du fort une casemate-abri R112a (Z3) équipée d'une cloche blindée à 6 embrasures (type 35P8) et au fond la pièce d'artillerie antiaérienne renversée. Source archives armée américaine.

Peu après la bataille. Cette face du fort présente de nombreux impacts et de gros dégâts. Au premier plan, le mur de rails antichars, sur le devant du fort une casemate-abri R112a (Z3) équipée d’une cloche blindée à 6 embrasures (type 35P8) et au fond la pièce d’artillerie antiaérienne renversée. Source archives armée américaine.

Peu après la bataille.Même face du fort que ci-dessus. Au premier plan, le mur de rails antichars. Des soldats américains posent avec un drapeau blanc, peut-être celui brandit par les Allemands quelque temps plus tôt. Source archives armée américaine.

Peu après la bataille. Même face du fort que ci-dessus. Au premier plan, le mur de rails antichars. Des soldats américains posent avec un drapeau blanc, peut-être celui brandit par les Allemands quelque temps plus tôt. Source archives armée américaine.

La presqu'île d'Aleth et son fort vue depuis la plage des Bas-Sablons à Saint-Servan. Au premier plan un tobrouk avec tourelle de char FT17 (Ra249) avec à sa gauche le fort de la Cité et au fond le Petit Bé. Source Service Historique de la Marine.

La presqu’île d’Aleth et son fort vue depuis la plage des Bas-Sablons à Saint-Servan. Au premier plan un Tobrouk avec tourelle de char FT17 (Ra249) avec à sa gauche le fort de la Cité et au fond le Petit Bé. Source Service Historique de la Marine.

Sur  la carte postale ci-dessus, il s’agit d’un Tobrouk muni d’une tourelle française. Les Allemands ont récupérés des tourelles de chars, ici celle d’un char léger Renault FT modèle 1917 (FT 17), qui placée sur un Tobrouk prend la dénomination de Panzerkampfwagen 730 (f). Il s’agit du modèle à tourelle ronde et moulée dit modèle Girod (du nom de l’aciérie qui la fabrique). Ce profil ne permet pas de distinguer son armement, si tant est qu’il soit encore en place. Ces tourelles peuvent être armées par : une mitrailleuse de 8 millimètres Hotchkiss modèle 1914, un canon court de 37 millimètres modèle 1918 ou d’une mitrailleuse de 7,5 millimètres modèle 1931. Cette tourelle est installée sur un Ringstäde type Bauform Vf67.

Sur la gauche devant l'entrée du "mémorial 39-45", on trouve une tourelle ronde de FT 17. Peut-être est-ce celle de la plage des Bas Sablons ? Photographie Fortification et Mémoire.

Sur la gauche devant l’entrée du « mémorial 39-45 », on trouve une tourelle ronde de FT 17. Peut-être est-ce celle de la plage des Bas Sablons ? Photographie Fortification et Mémoire.

Carte postale de la face avant du fort prise dans les années 1950. On distingue les dégâts du bastion de droite et au fond la casemate pour MG (Z13) au pied de la tour ronde.

Carte postale de la face avant du fort prise dans les années 1950. On distingue les dégâts du bastion de droite et au fond la casemate pour MG (Z13) au pied de la tour ronde.

Cette photo prise depuis le Bastion de la Hollande montre l’ampleur des dégâts qu’a subi le Môle des Noires suite à son dynamitage dans la nuit du 7 au 8 août 1944. Au font, le fort de la Cité et le toit de la tour Solidor. Source saint-malo-rama.com

 

Le fort de la Cité vu du ciel

Photographie aérienne de Saint-Servan et des abords du fort de la Cité en1952. Source Géoportail

Une vue aérienne du fort de la Cité prise dans l'immédiat après-guerre, les glacis sont encore dépourvus de constructions et de campeurs.

Une vue aérienne du fort de la Cité prise dans l’immédiat après-guerre, les glacis sont encore dépourvus de constructions et de campeurs.

Carte postale montrant le fort de la Cité après-guerre. Nous avons reporté les blockhaus visibles.

Vue aérienne d’après-guerre du fort de la Cité. On distingue les cratères des bombes.

Photographie aérienne prise en 1952. Les cratères des obus sont encore visibles. On distingue les encuvements pour les pièces anti-aériennes. Source Géoportail

Cette vue aérienne permet de disposer d’un beau point de vue sur le fort et ses bastions, avec Saint-Malo en arrière plan. Nous avons reporté le blockhaus Z3.

Même carte postale qu'au-dessus, mais plus nette.

Même carte postale qu’au-dessus, mais plus nette.

Vue aérienne du fort de la Cité prise en 1966. Une zone boisée a été plantée. A l’intérieur du fort, un cheminement a été créé en prévision de l’installation du camping de Saint-Malo. Source Géoportail

Carte postale de la presqu’île. Au premier plan, le marégraphe et la cloche blindée du blockhaus R112 (Z1). Au second plan, le fort de la Cité. A l’arrière plan, la ville de Saint-Malo et le Grand Bé.

Carte postale des années 1970-1980. A cette époque, le terrain de camping est également à l’intérieur du fort. Sur le pourtour du fort la végétation à repris ses droits.

Le fort en 2020. Source Géoportail

Vue aérienne contemporaine de la presqu’île. On remarque, la tour Solidor, le Petit Bé, le Grand Bé et Saint-Malo.

Aujourd’hui

Le glacis du fort est devenu l’un des terrains de camping de Saint-Malo (le camping de la cité d’Alet). Le fort de la Cité a été préservé des ferrailleurs. Tous les blocs sont visibles de l’extérieur et témoignent par leurs cicatrices de la violence des combats. Un des blocs de combat (la casemate L410a – Z23) renferme sur trois niveaux le Mémorial 39/45 retraçant l’occupation et la libération de Saint-Malo.

Une visite des dessus du fort de la Cité :

Une visite des dessous du fort de la Cité :

Compléments d’informations :

Au pied du fort à Saint-Servan

Ce Tobrouk au pied de la tour Solidor porte encore les stigmates de la bataille de Saint-Malo. Photographie FortificationetMémoire 2018. Sur cette carte postale d'après guerre, le bunker, dont le sommet est toujours ouvert, a été cerclé en rouge. A droite, un bunker de commandement et un blockaus pour une pièce de 5cm. Sur cette carte postale colorisée, le toit du Tobrouk est bouché. Le Tobrouk s'intègre dans le "complexe" Solidor.

L'arsenal de Saint-Servan avec l'Ar Zenith sous son abri à l'extrémité de l'ancienne cale des torpilleurs et ses deux blockhaus. Photo Rémi Jouan.

L’arsenal de Saint-Servan avec l’Ar Zenith sous son abri à l’extrémité de l’ancienne cale des torpilleurs et ses deux blockhaus (1 et 2 sur la carte). Photo Rémi Jouan.

Au pied de la gendarmerie maritime, un grand bunker de commandement (1- sur la carte). Photographie FortificationetMémoire 2018.

Au pied de la gendarmerie maritime, un grand bunker de commandement (1- sur la carte). Photographie FortificationetMémoire 2018.

L’Ar Zenith a été le premier navire civil à rejoindre l’Angleterre au lendemain de l’appel du 18 juin 1940 par le général de Gaulle. Il a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques le 6 décembre 19991 et a depuis été restauré. Il est désormais visible à l’ancien arsenal de Saint-Servan , en tant que bateau pionnier de la France libre. Photographie FortificationetMémoire 2018.

A l'extrémité de la Grand plage de Saint-Servant, un R667 pour un canon de 5cm KwK L/42. Photographie FortificationetMémoire 2018.

A l’extrémité de la Grand plage de Saint-Servant, un R667 pour un canon de 5cm KwK L/42. Photographie FortificationetMémoire 2018.

Un R667 type.

Un R667 type.

 

Nous espérons que cette série d’articles vous aura intéressé tout autant qu’il fut passionnant pour nous à écrire. En tout cas, Fortification et Mémoire est heureux de vous faire partager le fruit de ses recherches.

Le fort de la Cité vu depuis Dinard. Photographie Fortification et Mémoire.

 

Sources

Bibliographie :

Archives du Service Historique de la Défense et de la Marine ;

Revues Fortification et Armement d’hier et d’aujourd’hui ;

Numéros de 39-45 Magazine : le fort de la Cité à Saint-Servan-sur-Mer, le fort de la Varde, la poche de Saint-Malo et les combats pour Cézembre ;

Numéros de Fortifications & Patrimoine ;

Le mur de l’Atlantique sur la Côte d’Émeraude d’Eric Peyle et Alain Dupont – 1994 ;

Atlantikwall – Mythe ou Réalité d’Alain Chazette – 2008 ;

Le Mur de l’Atlantique en Bretagne et le siège de Saint Malo  par D.Monsaingeon – 2008 ;

L’agonie de Saint-Malo – docteur Paul Aubry – 1944 ;

L’artillerie de Saint-Malo (1611-1792) – Edouard Prampain – 1905 ;

La route des Fortifications en Bretagne Normandie / Les étoiles de Vauban – Collectif sous la direction de Nicolas Faucherre – 2006 ;

La bataille de Saint-Malo – Georges Bernage ;

Le Mur de l’Atlantique en Bretagne en Bretagne (1944 – 1994) – Patrick Andersen Bo – 1998 ;

Vauban et ses successeurs sur les côtes de la Manche – Collectif Association Vauban – 2003 ;

Fort de la Conchée – Alain Rondeau – 2011 ;

Tobrouks typologie – Alain Chazette – 2004.

Internet

http://www.gallica.fr

http://lemurdelatlantique.lebonforum.com

http://www.carphaz.com

http://atlantikwall.co.uk

http://bunkersite.com

http://www.lepaysmalouin.fr

http://ww.armuria.forumactif.com

http://le-pingouin-62.chez-alice.fr/r504.htm

http://www.secondeguerre.net

http://www.saint-malo-rama.com

 

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