Dans cette deuxième partie nous étudierons de quelle manière se sont organisés ces hydrosystèmes défensifs. Dans un premier temps, dans le cadre de la réalisation de la ligne Maginot par la mobilisation de la ressource en eau, dans un second temps dans le contexte du territoire de défense en s’appuyant sur les systèmes hydriques déployés sur les secteurs fortifiés de (la) Lauter, du Boulay, de Montmédy et de la Rotherbach-Schwarzbach. Et pour conclure cette deuxième partie, nous ferons un focus sur la casemate de Neunhoffen. Le secteur défensif de la Sarre, autre système défensif hydrique important, sera abordé dans la troisième partie de cet article.
« La fortification hydrique de la Ligne Maginot »
Qu’est-ce qu’une fortification hydrique ?
La préparation d’un territoire à sa défense se double, d’une défense statique établie sur la fortification permanente et artificielle, utilisant au mieux les ressources géographiques de la topographie. Ces lignes anticipent un éventuel conflit en établissant des zones de défense destinées à fixer les combats ou à freiner une offensive ennemie. De nouveaux empilements militaires sont déployés, recyclant certains héritages (casernes ou forts) en préparant un territoire d’affrontement. La connaissance et l’utilisation de la topographie sont nécessaires pour organiser ce type de territoire. Cependant pour pallier la faiblesse des points hauts, notamment entre les lignes de crêtes, dans notre cas les côtes de Lorraine, les vallées vosgiennes ou ponctuellement la Plaine d’Alsace, les ingénieurs militaires mobilisent la ressource en eau pour aménager des hydrosystèmes défensifs.
Le système hydrosystème défensif se définissait pour le XVIIIe siècle ainsi : « des fortifications de campagnes semi-permanentes organisées le long des cours d’eau. Elles associent des retranchements de terres couvertes de palissades afin d’assurer la protection des hommes et l’aménagement de petits bassins hydrographiques destinés à organiser un obstacle « naturel » non guéable et inondable. » Ces fortifications de campagne peuvent s’appuyer sur des places fortes destinées à épauler la sanctuarisation d’une base opérationnelle. Le contexte et l’expérience des guerres du XIXe siècle et de la Première Guerre mondiale ont souligné le déclin du concept des places fortes fermées. Le territoire de défense organisé par le général Séré de Rivières et les rideaux défensifs discontinus avaient fait leurs preuves.
De plus, les inondations sont avec les destructions, un des outils permettant au défenseur de réaliser de larges économies de forces, tout en retardant l’envahisseur dans sa progression. C’est le seul obstacle qui soit indestructible par l’artillerie (hormis les barrages de retenue des eaux). En revanche, le défenseur doit surveiller et défendre tous les organes qui commandent la manœuvre hydrique. Le temps nécessaire pour obtenir une inondation complète varie selon les saisons et le débit fourni par les rivières, mais très vite la montée des eaux gène les mouvements ennemis.
La fortification hydrique appliquée à la Ligne Maginot
Ainsi durant l’entre-deux-guerres, la réflexion du redéploiement militaire reprend cette logique sur les conseils du maréchal Joffre et du ministre de la guerre Paul Painlevé. Le contexte topographique de la nouvelle frontière est cependant moins favorable à la mise en œuvre d’un territoire de défense (orientation des lignes de côtes, faiblesse du relief de la côte infraliasique [antérieur à la première époque du Jurassique], grande dépression argileuse du Keuper, Vosges du Nord, plaine d’Alsace…).
Trois secteurs ont d’abord été retenus et aménagés pour déployer un rideau défensif permanent couvrant Metz, la Lauter et le sud de l’Alsace avec Belfort. Le long de la frontière de la Sarre, une trouée se dessine alors. Cependant dès 1927, le général Berthelot (gouverneur de Metz et commandant la 6e Région militaire), reprenant les travaux sur l’utilisation des obstacles naturels et notamment les étangs et cours d’eau de l’ingénieur (en retraite) des ponts et chaussées de Moselle Pariset, fait approuver par le Conseil Supérieur de la Guerre la réalisation, d’environ 30 kilomètres, de lignes d’eau dans les bassins de la Sarre et de la Nied (ainsi nommée parce qu’elle traverse une région où l’on parle un dialecte germanique). Cette ligne d’eau et d’inondation doit couvrir le nœud ferroviaire de Bénestroff (Metz-Strasbourg et Nancy-Sarreguemines) et amorce la question d’un front continu soutenue par le maréchal Pétain en visite dans la région en 1927.
Ainsi prend corps cette idée d’un aménagement permanent de cours d’eau couvert par des ouvrages bétonnés. Cependant, la mise en œuvre de cette ligne dans l’intervalle entre Metz et la Lauter est considérée comme une seconde urgence. La Commission d’Organisation des Régions Fortifiées (C.O.R.F.) voit le jour en 1928 et prépare les travaux d’aménagement de ce qui va devenir la Ligne Maginot. Ces derniers doivent s’achever pour 1935.
La ligne Maginot constitue un des aménagements d’un territoire de défense parmi les plus importants d’Europe. Elle déploie selon les secteurs des formes multiples d’organisations défensives permanentes parmi lesquelles des territoires d’eau destinés à organiser des inondations défensives ou des « coupures d’eau », soit ponctuellement, soit à l’échelle de secteurs fortifiés (Sarre, Vosges). Ces glacis inondables nécessitent une appropriation de l’espace défensif et des aménagements conséquents propres aux gestions des domaines fluviaux et stagnustres [relatif aux étangs].
La mobilisation de la ressource en eau pour aménager un territoire de défense
Des aménagements ponctuels d’inondations défensives.
La mise en œuvre de petites structures d’inondation ponctue le tracé de la Ligne Maginot dans le « Grand-Est ». Il s’agit le plus souvent de petites zones inondables ou de coupures d’eau organisées en fossés antichars protégeant quelques kilomètres carrés. Elles couvrent les intervalles entre grands ouvrages ou grandes unités. Aménagées dès l’origine, elles doivent être actionnées lors de la déclaration de guerre et en cas d’attaque par un ennemi.
Ainsi, on peut recenser ces aménagements sur trois secteurs fortifiés (ci-dessous).
Les secteurs hydriques de la Ligne Maginot
Le secteur fortifié de la Lauter
Celui-ci s’étend sur 80 kilomètres de la vallée de la Sarre au Rhin et comprend les secteurs fortifiés de Rohrbach, des Vosges et de Haguenau. Sa mission consiste à verrouiller deux grandes pénétrantes potentielles : le plateau de Bitche-Rohrbach à l’ouest et la plaine d’Alsace face à la trouée de Wissembourg à l’est. Dans ce secteur vulnérable du nord de l’Alsace, l’aménagement des grands ouvrages C.O.R.F. de Schoenenbourg est complété ponctuellement par de petits aménagements hydrauliques. Le fort de Schoenenbourg, principal ouvrage du secteur fortifié, empile les éléments de défense, notamment vers le nord et l’est. Le bief de Bremmelbach a été rectifié pour servir de fossé antichar. Les deux biefs de Hausauerbach et de Hoffen organisent une zone inondable de quatre kilomètres de long couvrant les flancs du secteur du village de Hunspach.
Une deuxième zone a été aménagée sur le Selzbach, secteur de Buhl – Oberroedern, en profitant des rectifications du cours de la rivière pour inonder l’espace de la vallée entre l’ancien chenal et le cours rectifié.
Enfin une troisième zone inondable a été organisée à partir de trois biefs protégeant l’est de la forêt d’Haguenau. Les ingénieurs ont utilisé la zone de confluence de la Sauer avec l’Eberbach et le Klostergraben, dans un secteur où anciennement se déployaient les anciens méandres de la Moder entre les villages Koenigsbruck, Forstfeld, Kauffenheim et Leutenheim.
Le secteur fortifié de Boulay
Dépendant de la Région fortifiée de Metz, le secteur fortifié de Boulay s’étend de l’abri de l’Humersberg jusqu’à la casemate Sud du Mottenberg. Ce secteur est comme celui de Thionville l’un des premiers secteurs de la ligne Maginot à avoir été mis en chantier mais à la différence de son voisin, autant la partie nord est richement pourvue en ouvrages d’artillerie, autant la partie sud en est plus chichement dotée, ne comptant pas d’ouvrages d’artillerie, d’observatoires d’artillerie C.O.R.F. ou d’abris pour réserves locales du type C.O.R.F..
Dans l’espace intermédiaire entre les ouvrages d’artillerie du Bovenberg (communes d’Eblange et d’Ottonville) et les ouvrages de Behrenbach et d’Anzeling, un dispositif d’inondation défensive a été aménagé sur la Nied dans le secteur du village de Gomelange. Une digue barre la vallée et s’accompagne d’un barrage sur la rivière et d’un grand bief de vidange. Notons qu’avait été envisagée une inondation de la vallée de la Nied mais abandonnée car les eaux d’inondation auraient submergé 50% des prés de certains villages entre Faulquémont et Barst.
Le secteur fortifié de Montmédy
Le secteur fortifié de Montmédy est un secteur s’étendant, en mai 1940, sur 65 kilomètres de Pont-à-Bar à l’ouest, jusqu’à une ligne Tellancourt – Noërs – Billy-sur-Mangiennes à l’est. Il est encadré à gauche par le secteur défensif des Ardennes, et à droite par le secteur fortifié de la Crusnes.
Sur le cours de la Chiers en amont de Montmédy, un bief organise une inondation sur trois kilomètres de long, provoquant une crue dans la vallée du Ton (rive droite). L’inondation du fond de vallée permet de couvrir l’intervalle entre l’ouvrage d’artillerie de Velosnes sur la rive gauche de la Chiers et la casemate d’infanterie double de Fresnois sur la rive droite.
Ces petites zones inondables confortent la défense des grands ouvrages C.O.R.F. et complètent ces derniers. En aucun cas, la ligne d’eau n’est considérée comme l’élément défensif principal.
Le secteur fortifié des Vosges, la zone d’inondation de la Rotherbach-Schwarzbach
Le secteur fortifié des Vosges est localisé entre les secteurs fortifiés de Rohrbach à gauche et de Haguenau à droite. Il couvre la portion centrale des Vosges du camp de Bitche à Lembach, tout en constituant l’élément central de la Région Fortifiée de (la) Lauter. Il a comporté deux à trois sous-secteurs selon la période et l’organisation du front.
Celui qui nous intéresse dans le cadre de cet article concerne la vallée du Schwartzbach, protégée par une succession de barrages et d’inondations défensives jusqu’à Windstein.
Les aménagements défensifs des cours de la Rotherbach et du Schwarzbach (ruisseau noir) couvrent seize kilomètres de long. Ils mobilisent des ressources en eau déjà disponibles de plusieurs étangs établis au fil de l’eau et partiellement intégrés aux zones d’inondation tels que les étangs du Glasbronn ou de l’Erbsenthal sur la Rotherbach ou de rive gauche (Langweiher, Welschkobertweiher, Fischerackerweiher)
Etang-réservoir : Welschkobertweiher : ce réservoir a une contenance (selon les sources) de 10 000m3 ou de 15 000m3. Son débit de vidange est de 1000m3/h.
Etang-réservoir : Fischerakerweiher : ce réservoir a une contenance de 15 000m3 pour un débit de vidange de 1500m3/h.
Etang-réservoir : Langweiher : il est l’un des réservoirs des inondations de la vallée du Schwarzbach. Il permet de compléter le débit insuffisant du Schwarzbach en vidant ce réservoir après la mise en place des barrages de poutres.
Ce réservoir a une contenance de 100 000 m3 pour un débit de vidange de 2000m3/h.
Surface inondée maximum : 42 870 m2.
Volume de l’inondation : 30 500 m3.
Durée de remplissage : 1,5 jour.
Source d’eau : débit du ruisseau de 1 680 m3/h à 2 400 m3/h.
Ces derniers sont exposés en cas d’avance ennemie. Ils doivent cependant être vidangés progressivement afin de ne pas fragiliser les barrages établis sur les cours de la Rotherbach et du Schwarzbach. L’ensemble des digues des étangs a été rénové lors de travaux entrepris en 1932. Les volumes d’eau restent modestes à l’exception du Langweiher.
La ligne principale de défense s’organise donc derrière cette ligne d’eau élargie par l’inondation. Pour réaliser cette dernière, douze barrages ont été aménagés sur les cours de la Rotherbach et du Schwarzbach, sur huit kilomètres. Chaque digue comporte un pertuis [ouverture dans une digue] bétonné et rainuré pouvant être obstrué par des planches, provoquant ainsi l’inondation en amont du barrage.
L’inondation est lente, grossie par les vidanges des étangs. La faiblesse de la ressource en eau sur le Rotherbach entre les étangs de Glasbronn et de l’Erbsenthal, le barrage de l’Altzinsel et l’impossibilité d’accroître la zone d’inondation ont entraîné l’aménagement du cours en un fossé antichar en surcreusant le lit mineur. La profondeur du fossé atteint au moins 1.80 mètres, inondé et maintenu en eau par des seuils. Les berges ont été bétonnées ou empierrées afin d’éviter les affaissements. Des palplanches [ pieux profilés conçus pour être battu en terre ou dans le sédiment et s’enclenchant aux pieux voisins par l’intermédiaire de nervures latérales appelées serrures] bordent également le cours.
Palplanches empilées avant battage.
Ces aménagements ont été réalisés au cours de plusieurs phases de travaux entre 1936 et 1937. Les étangs au fil de l’eau de Glasbronn et de l’Erbsenthal ne devaient pas être vidangés en totalité car ils sont intégrés à la zone d’inondation de la Rotherbach lors des colmatages des pertuis du barrage du Glasbronn et de l’Altzinsel.
La faiblesse de la ressource en eau disponible rend le processus d’inondation lent, notamment vers l’aval où la crue prend de cinq jours à huit jours pour rendre la vallée infranchissable.
Détail des douze barrages placés le long du Schwarzbach permettant d’inonder la vallée.
Surface inondée maximum : 8 050 m2.
Volume de l’inondation : 5430 m3.
Durée de remplissage : 0,5 jour.
Source d’eau : débit du ruisseau de 120 m3/h à 150 m3/h + 1000 m3/h avec la vidange partiel de l’étang réservoir du Glasbronn.
Surface inondée maximum : 15 130 m2.
Volume de l’inondation : 11 460 m3.
Durée de remplissage : 1,5 jour.
Source d’eau : débit du ruisseau de 210 m3/h.
Surface inondée maximum : 15 480 m2.
Volume de l’inondation : 12 810 m3.
Durée de remplissage : 4 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 210 m3/h.
Surface inondée maximum : 16 900 m2.
Volume de l’inondation : 11 120 m3.
Durée de remplissage : 5,5 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 240m3/h.
Surface inondée maximum : 44 450 m2.
Volume de l’inondation : 34 170 m3.
Durée de remplissage : 10,5 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 260m3/h.
Surface inondée maximum : 85 040 m2.
Volume de l’inondation : 52 350 m3.
Durée de remplissage : 10,5 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 900 m3/h à 1 080m3/h et 2 000m3/h avec la vidange du réservoir de Langweiher.
Surface inondée maximum : 42 870 m2.
Volume de l’inondation : 30 500 m3.
Durée de remplissage : 1,5 jour.
Source d’eau : débit du ruisseau de 1 680 m3/h à 2 400m3/h.
Longueur de la digue : 96 mètres.
Surface inondée maximum : 56 230 m2.
Volume d’eau nécessaire : 44 200 m3.
Volume d’eau emmagasiné : 33 900 m3.
Durée de remplissage : 1,5 jour à 2 jours.
Source d’eau : 36 200m3 d’apport provenant de l’étang de Langenweiher et 8000m3 provenant de l’étang de Neunhoffen (à côté du casernement).
Surface inondée maximum : 98 720 m2.
Volume de l’inondation : 68 700 m3.
Durée de remplissage : 2,5 jours à 3,5 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 1680 m3/h à 2400m3/h, 2000m3/h d’apport avec le réservoir de Langweiher.
Surface inondée maximum : 51 950 m2.
Volume de l’inondation : 35 450 m3.
Durée de remplissage : 3 jours à 4 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 1 750 m3/h à 2 600m3/h, 2 000m3/h d’apport avec le réservoir de Langweiher.
Surface inondée maximum : 113 120 m2.
Volume de l’inondation : 151 650 m3.
Durée de remplissage : 4,5 jours à 7,5 jours.
Source d’eau : débit du ruisseau de 1 800 m3/h à 2 900m3/h, 1 500m3/h d’apport avec le réservoir de Fischeracker.
Cette retenue est la dernière de cette portion de ligne. La ligne remonte dans les massif boisés peu propice aux attaques et qui ont permis des économies en construisant de petits blockhaus faiblement armés.
Surface inondée maximum : 38 620 m2.
Volume de l’inondation : 40 470 m3.
Durée de remplissage : 5 jours à 8 jours.
Il existe un circuit de découverte de la vallée du Schwartzbach. A travers ce circuit, l’on se promène au fil d’un village devenu une caserne militaire quelques mois durant la Seconde Guerre mondiale : départ du parking de la casemate de Neunhoffen, barrage n°8 – réseau de communication téléphonique – casernement – cité cadres – étang de Neunhoffen – stand de tir – château d’eau – barrage de Neunhoffen-village – la vallée du Schwarzbach – barrage n°9 – casemate Dambach-sud – petites organisations bétonnées.

Zone d’inondation de la vallée de la Schwartzbach. Source : la muraille de France ou la ligne Maginot.
Arrêtons-nous instant sur la casemate de Neunhoffen

La casemate de Neunhoffen. A remarquer le camouflage des cloches blindées. Photographie Bouchoucha Eric.
Cette casemate d’infanterie double (Secteur Fortifié des Vosges) a pour rôle d’interdire le débouché du vallon situé entre le Modemberg et le Schmalenberg grâce à ses deux fusils-mitrailleurs sous cloches blindées et à ses mitrailleuses jumelées Reibel qui établissent un barrage de feu avec les casemates voisines. La casemate assure le flanquement d’infanterie de la vallée du Schwarzbach et des inondations défensives (barrage n°8).
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La casemate est occupée dès la mobilisation de 1939 par son équipage. Le président du Conseil Édouard Daladier lors d’une visite d’inspection a été particulièrement séduit par le caractère économique de ce genre d’ouvrage fortifié et avait souhaité que son emploi fût généralisé à l’ensemble de nos frontières.
Elle n’est pas attaquée de front en mai 1940 et est contrainte à la reddition le 20 juin 1940 une fois encerclée par les allemands arrivés sur ses arrières.
La casemate est dotée de l’armement suivant :
- deux créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 (un créneau par chambre de tir) ;

Un des deux jumelages de mitrailleuses Reibel MAC 31, celui de la chambre de tir sud. A remarquer à gauche, les chargeurs tambours. Les mitrailleuses MAC 31, couramment appelées mitrailleuses Reibel en hommage au colonel Reibel, alors directeur de la manufacture d’armes de Châtellerault, sont des mitrailleuses de calibre 7,5 mm qui dérivent mécaniquement du fusil mitrailleur MAC 24/29. La Reibel possède un chargeur tambour de 150 cartouches, dispose d’une portée de 1200 mètres et d’une cadence de tir de 750 coups par minute. Source page facebook : casemate de Neunhoffen.

Le jumelage de mitrailleuses sous casemate. Planche extraite des cours de fortification de l’école supérieure technique du Génie de 1949 (la fortification permanente jusqu’à la deuxième guerre mondiale).
- deux cloches « guetteur et fusil mitrailleur » (G.F.M.) type A à 4 créneaux (F.M. 24/29 et mortier de 50, épaisseur de l’acier : 250 millimètres, diamètre intérieur : 1,20 mètres) ;

Le mortier de 50 pour cloche guetteur. Planche extraite des cours de fortification de l’école supérieure technique du Génie de 1949 (la fortification permanente jusqu’à la deuxième guerre mondiale).
- trois créneaux pour F.M. 24/29 en façade et un créneau pour F.M. 24/29 sur la porte d’entrée pour la défense rapprochée de l’ouvrage ;

Magnifique photographie de la porte d’entrée et de son FM 24/29 de défense rapprochée. A remarquez la date « 1931′ au-dessus de la porte. Source page facebook : casemate de Neunhoffen.
- deux goulottes lance-grenades pour la défense rapprochée de la casemate (les tubes n’étaient pas équipés de leur tête).

Une des deux goulottes à grenades ou lance-grenades de fossé. Celles-ci permettent le lancement de grenades défensives dans les angles morts et les fossés. Source page facebook : casemate de Neunhoffen.
La casemate est aujourd’hui la propriété de la commune de Dambach-Neuhoffen.

Un des deux jumelages de mitrailleuses Reibel MAC 31, celui de la chambre de tir nord. A remarquer à gauche, les chargeurs tambours. Source page facebook : casemate de Neunhoffen.
La casemate de Neunhoffen est un ouvrage témoin de la ligne Maginot des Vosges du nord. Entièrement réaménagée comme à l’origine par une équipe de bénévoles, elle permet de reconstituer le cadre quotidien des douze hommes composant son équipage : chambre de douze lits avec poêle à bois, puits d’eau potable, système de ventilation, latrines avec instructions, groupe électrogène et l’armement (chambres de tir, goulotte lance-grenades, munitions…). Des photos d’époque complètent ce témoignage de la période 1939-45 dans la vallée du Schwarzbach.
La casemate vous accueille tous les premiers dimanche des mois de mai à septembre de 14 heures à 18 heures, plus le dimanche des journées européennes du patrimoine. La casemate de Neunhoffen dispose d’une page dédiée sur facebook.

Dans cette pièce, on trouve à droite, l’accès à la cloche G.F.M. sud et sur la gauche, le réservoir d’eau potable, un groupe électrogène (non présent à l’origine), l’accès au puits (plaque métallique au sol) et son système de pompage. Au centre, une guérite blindée (20 cm d’acier cémenté) d’observation de type pentagonal. Source page facebook : casemate de Neunhoffen.
Cependant le secteur des Vosges reste le parent pauvre de la Ligne Maginot. D’autre part, l’encaissement de la vallée dominée par les sommets des Vosges du Nord, rend le secteur vulnérable.
À suivre…