Les sentinelles de l’Empire ou les tours de l’Empereur (1/2)

Plan explicatif de la tour-modèle 1811 de la pointe des Espagnols à l’extrémité nord-est de la presqu’île de Roscanvel, excroissance de la presqu’île de Crozon fermant la rade de Brest. Photographie Fortification et Mémoire.

La rédaction de l’article sur le fort Boyard a amené Fortification et Mémoire à s’intéresser à la tour-modèle n°1 de l’ile d’Aix. Nous vous proposons donc une petite étude en deux parties sur les tours-modèles de Napoléon Bonaparte.

En 1757, alors qu’ils viennent de mettre à sac l’île d’Aix, après avoir détruit le fort de la Rade, les Anglais tentent de débarquer sur la plage de Châtelaillon, mais une batterie les en empêche, faisant la démonstration de son utilité et de sa bonne implantation.

L'île d'Aix et Châtelaillon.

L’île d’Aix et Châtelaillon.

Face à la permanence de la menace anglaise, la défense des côtes demeure l’un des sujets majeurs de préoccupation de Napoléon : l’affaire des Brûlots, en 1809 [nous avons traité de l’affaire des Brûlots dans l’article sur le fort Boyard], ne fait que réaffirmer l’importance de la mise en place d’un système de défense des côtes cohérent. 

Dans cette première partie, nous nous intéresserons :

  • à la genèse de ces tours ;
  • à la création des canonniers de gardes-côtes ;
  • au programme de 1810.

Dans une seconde partie, nous entrerons dans le vif du sujet, avec les différents modèles de tours.

Voyons ce que sont ces sentinelles…..

L’idée nouvelle d’une défense des côtes standardisée ne voit sa réelle concrétisation qu’en 1841

Lors de la reconquête de Toulon de septembre à décembre 1793, les représentants spéciaux de la Convention imposent au chef de l’artillerie du général Carteaux, le lieutenant-colonel Elzéar-Auguste Cousin de Dommartin, le jeune capitaine Napoléon Bonaparte. Le jeune capitaine va se révéler à cette occasion. Il est promu général de brigade, le 22 décembre, et se met en route pour sa nouvelle affectation à Nice, comme commandant de l’artillerie de l’armée d’Italie. Avant son départ pour l’Italie, il est chargé de l’inspection des côtes de Provence et des îles attenantes.

Napoléon à Toulon (1793) par Edouard Detaille.

Des propositions de Napoléon ressortent un point important : il estime indispensable de doter chaque batterie d’une tour-réduit de taille adaptée, afin de servir de logement à la garnison, d’abri au matériel et aux munitions, et enfin, de réduit défensif, en cas d’envahissement du terrain par l’ennemi. Il s’agit d’une idée nouvelle, érigée en principe, trouvant son aboutissement en 1810.

Dans ses instructions, Napoléon propose de normaliser les types de batterie et l’armement. Mais, ses idées entrent effectivement en application qu’un demi-siècle plus tard, sous l’égide de la commission mixte de 1841 qui :

  • ramène l’armement à trois pièces, le canon de 30 livres (calibre de 164 millimètres), l’obusier de 22 « à la Paixhans » et le mortier de 32 centimètres à plaque ;
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  • définie les trois types de réduits de batteries de côte modèle 1845, les deux types de réduits de batteries de côte modèle 1846 et les deux modèles de corps de garde défensif.

Ile d’Houat. Batterie d’En Tal. Corps de garde défensif type 1846 n°1. Aujourd’hui bien entretenu dans son état d’origine; est un des plus représentatifs des réduits de batteries de côte, construits à plus d’une centaine d’exemplaires selon les plans types élaborés en 1846. Ici, le plus grand des trois modèles à un seul niveaux de locaux. L’inspiration médiévale est saisissante.

La Commission de 1841 et les réduits de batterie type 1846 seront traités dans un prochain article. Cet article ne concerne que le programme lancé en 1810 par Napoléon.

Mais, entre l’expression d’une idée nouvelle et sa concrétisation sur le terrain, le cheminement est souvent tortueux et imprévisible; dans le cas des tours-réduits, il passe d’abord par l’Égypte.

La défense des côtes françaises passe par l’Égypte

Le 30 floréal an VI (le 19 mai 1798), la plus grosse partie de la flotte française quitte Toulon afin de s’emparer de l’Égypte et de l’Orient, dans le cadre de la lutte contre la Grande-Bretagne, l’une des puissances à maintenir les hostilités contre la France révolutionnaire. Elle se double d’une expédition scientifique : de nombreux historiens, botanistes, dessinateurs accompagnent l’armée afin de redécouvrir les richesses de l’Égypte. Elle est donc parfois aussi appelée expédition d’Égypte, lorsque son côté scientifique, moins martial, est considéré.

Les tours de Malte

Au passage, le 10 juin 1798, le corps expéditionnaire s’empare le l’île de Malte. Napoléon et le général Maximilien Caffarelli, qui commande le Génie, ont leur attention certainement attirée par les vingt-six tours de défense côtières, en général carrées, construites sur les trois îles (Malte, Comino et Gozo) et en certains points importants de l’intérieur, entre 1609 et 1720.

Malte

Une tour défensive de l’île de Malte.

Les tours de Corse

De part ses origines corses, Bonaparte ne peut ignorer l’existence sur les rivages de son île natale, de quatre-vingt-cinq tours défensives, autrement appelées « tours génoises ». En voici, la description qu’en faisait Prosper Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques dans ses Notes d’un voyages en Corse (1841) : «La plupart datent des XVe et XVIe siècles et même du XVIIIe siècle. Sauf quelques détails insignifiants, toutes me semblent bâties sur le même modèle, ce qui indiquerait que leur érection aurait eu lieu par suite d’une mesure générale. Elles se composent d’une salle basse, ordinairement voûtée, servant de magasin ; d’un étage au-dessus, destiné à loger la garnison ; enfin, d’une plate-forme entourée de créneaux et quelquefois de mâchicoulis. Le magasin ou salle basse ne communique pas avec l’extérieur. On entre dans la tour par le premier étage, en montant un escalier oblique, souvent une échelle, et une fois qu’elle était retirée en dedans, une demi-douzaine d’hommes pouvait tenir tout un jour dans cette petite forteresse contre des centaines d’assaillants.»

Notamment, celle de la Mortella, qui se rend célèbre le 6 février 1794. Ce jour là, un vaisseau de 74 canons, le Fortitude et une frégate de 32 canons, le Juno, attaquent la tour par la mer. Pendant ce temps, des troupes anglaises débarquées la veille assiègent par la terre l’édifice. La garnison de trente-huit hommes résiste. Après trois heures de feu les anglais se retirent, les navires endommagés par les boulets rouges crachés par le canon de l’édifice (d’où l’expression : tirer à boulets rouges. Certaines batteries sont équipées de fourneau à rougir les boulets). Le lendemain, les anglais récidivent par la terre avec deux canons. La tour résiste à la canonnade toute la journée du 7 février, toute la nuit suivante et une partie du lendemain. La garnison finit par se rendre. La tour a été définitivement et sérieusement endommagée, mais sa  résistance a permis aux troupes française de fortifier les hauteurs environnantes.

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A cette occasion l’amiral Nelson, impressionné par la solidité du bâtiment en fait relever les plans. Nommé Lord de l’amirauté, il fait construire un chapelet de tours le long des côtes anglaises et irlandaises ressemblant étrangement à la tour de la Mortella et qui ont pour nom « Mortello Towers ».

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Les tours du Caire

Pour défendre le Caire, devenue base principale de l’armée d’Égypte, on construit en avant de l’enceinte, neuf « petites tours carrées » auxquelles on donne les noms d’officiers tombés au combat. Ce mode de dénomination constitue une première. Il faut attendre les années 1886 pour le voir remis en vigueur pour les casernes et les forts, sans succès, d’ailleurs, pour ces derniers.

Ces tours sont des édifices en maçonnerie de plan carré, de onze mètres de côté, de sept mètres de haut environ et à trois niveaux. Elles sont entourées d’un fossé avec contrescarpe et glacis. L’entrée se fait par le fond du fossé, avec accès en tranchée à travers le glacis, et une porte au rez-de-chaussée de la face opposée de la tour. Ce rez-de-chaussée, aveugle, renferme les magasins à poudre et aux vivres. Le premier étage, aux murs percés de neuf créneaux de mousqueterie par face, plus un dans chaque angle en pan coupé, sert de logement aux vingt-cinq hommes de la garnison et à l’officier, chef du poste. Enfin, l’étage supérieur, constitué par une plateforme à ciel ouvert, forme le poste principal de combat, entouré d’un fort parapet crénelé et muni d’une bretèche au milieu de chaque face. Les différents niveaux sont planchéiés sur une poutraison soutenue par un pilier central carré, en maçonnerie. Chacune des redoutes peut être dotée de deux pièces d’artillerie tirant à barbette sur la plateforme sommitale.

Simples et pratiques, ces petits ouvrages avancés, peu coûteux en effectifs, sont bien adaptés au type de conflit en zone de semi-désertique : ils constituent des sonnettes, face à un adversaire mobile et dispose d’une bonne puissance de feu pouvant disloquer une attaque en masse.

Egypte. La redoute pour vingt-cinq hommes et deux canons (1798 – 1801).

Ainsi, de sa Corse natale aux rivages d’Égypte, les petites tours ou les redoutes  défensives, ont toujours accompagné Napoléon. Elles vont maintenant faire leur apparition sur les côtes du continent.

La situation politique impose de défendre les côtes françaises

Lors de la reprise des hostilités avec la Troisième Coalition, en 1805, le Royaume-Uni s’assure la maîtrise des mers par trois victoires capitales :

  • sur la flotte franco-espagnole lors de la bataille du cap Finistère (22 juillet 1805) ;
  • sur la flotte franco-espagnole lors de la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805) ;
  • sur la flotte française lors de la bataille du cap Ortegal (4 novembre 1805).

Le titre réel du tableau n’est pas connu. Peint en 1836 par Auguste Mayer, il est probable que l’information sur le tableau ait été perdue durant la Seconde Guerre mondiale, et que lorsque le tableau est réapparu, on lui ait attribué un contexte et un titre erronés. Ce tableau fait partie d’un ensemble de six. Les six tableaux représentaient les combats que livra le Bucentaure tout au long de la Bataille de Trafalgar (cf. le site internet du Musée Nationale de la Marine). Le navire figurant au premier plan et qui ouvre le feu sur le Bucentaure est un navire de deuxième classe, le Sandwich, qui n’était pas présent à Trafalgar, étant au port à ce moment-là. Il est généralement admis que le Sandwich est en fait le Téméraire, mal nommé par l’artiste, et que le navire démâté dans le fond à gauche est le Redoutable, un navire de troisième classe français armé de 74 canons. Les recherches montrent que le navire à l’avant-plan est en fait le Bucentaure, au vu de sa figure de proue, de sa ressemblance avec la description et la conception à double pont du Bucentaure, et de la présence des hommes attroupés autour du mât principal qui correspond avec la description des événements à bord du Bucentaure lors de la bataille. Auguste Mayer (1805-1890). Huile sur toile, 1836, 105 cm x 162 cm .

Ces défaites marquent une réorientation de la France vers une stratégie défensive. L’Anglais est à nouveau maître des mers et entame le blocus des côtes françaises, et oblige Napoléon à renoncer à son projet d’envahir l’Angleterre.

Outre la reprise des travaux de fortifications sur les côtes, l’intérêt stratégique pour le creusement du canal de Nantes à Brest revient à l’ordre du jour. Celui-ci permet de débloquer  l’arsenal de Brest par l’arrière-pays et d’approvisionner en vivres et munitions les arsenaux de Brest et Lorient avec Nantes et Saint-Malo.

De 1689 à 1815, la France est presque continuellement en guerre avec l´Angleterre. L’influence d’affrontements très éloignés les uns des autres est une caractéristique de ces guerres : des batailles livrées à des milliers de kilomètres influencent le résultat les unes des autres, au point que l’on peut qualifier les guerres napoléoniennes de guerre mondiale; les historiens parlent également de  » seconde guerre de cent ans « .

La création des canonniers gardes-côtes

La défense des côtes hiérarchisée en « capitaineries » sous l’Ancien Régime est réorganisée par un arrêté du 8 prairial an XI (28 mai 1803) rétablissant ce corps spécial sous le nom de canonniers gardes-côtes. Cents compagnies sont crées, réparties dans les directions d’artillerie entre Bruges et Corse, dont le rôle est de signaler et de repousser les débarquements hostiles.

« L’uniforme des canonniers gardes-côtes sera composé d’un habit de drap bleu national, parements bleus, revers et retroussis vert de mer, doublure de serge et cadis blanc, gilet et culotte de tricot vert de mer, chapeau bordé de laine noire, bouton de métal jaune, timbré d’une ancre, d’un canon et d’un fusil. » Article 9 de l’arrêté du 8 prairial an XI. Collection planches d’André Jouineau.

De plus, il est formé dans onze îles, vingt-huit compagnies sédentaires à l’aide des ressources qu’offrent les gardes nationales.

Le nombre des compagnies augmente par la suite, au fur et à mesure de l’extension du territoire français. En 1813, il est de cent quarante-cinq pour les gardes-côtes, de trente-trois pour les sédentaires et dix-neuf compagnies de canonniers vétérans.

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Bouton de canonnier garde-côte, 1803 – 1814.

Chaque compagnie est composée de :

  • 1 capitaine ;
  • 1 lieutenant ;
  • 1 sergent-major garde-magasin principal ;
  • 4 sergents ;
  • 8 caporaux ;
  • 8 appointés ;
  • 2 tambours ;
  • 96 canonniers.

Les officiers sont nommés par le Premier Consul et choisis parmi les officiers reformés des autres armes. Les sergents, les caporaux et appointés sont choisis par le capitaine. Les canonniers sont fournis par les communes, d’après les instructions reçues du préfet : « On choisira de préférence des militaires qui ont obtenus leur congé ou leur retraite pour blessures ou infirmités provenant des évènements de la guerre, et qui ont encore les facultés nécessaires pour le service.». Le garde-magasin, affecté en temps de guerre maritime, jouit d’un logement auprès de la batterie; il doit savoir lire et écrire et tient un inventaire des pièces, munitions et attirails artillerie dont il a la charge. Les hommes admis dans les compagnies gardes-côtes doivent y servir cinq années consécutives, renouvelables jusqu’à l’âge limite de cinquante ans.

congé de réforme, 24e division militaire attribué au lieutenant Edmé Nicolas MINON _congé de réforme 1ère compagnie de canonniers de gardes côtes de la Flandre Maritime 6 pluviose an 9

Un congé de réforme, de la 24e division militaire, attribué au lieutenant Edmé Nicolas MINON de la 1ère compagnie de canonniers de gardes-côtes de la Flandre Maritime, le 6 pluviôse an IX.

L’armement de ces compagnies consiste, pour chaque sergent ou canonnier en : un fusil, une baïonnette et une giberne; le tout des mêmes formes, largeurs, longueurs et proportions que celles de l’infanterie.

Napoléon organise, également des colonnes mobiles de défense des côtes constituées par de la cavalerie, de l’infanterie et de l’artillerie légère. Elles sont composées de  » 200 cavaliers, 800 à 1000 hommes de troupe d’Infanterie et 3 pièces d’artillerie de campagne attelées « , et elles sont mises en place pour la garde du littoral. La colonne vertébrale de ce dispositif  » d’intervention rapide  » repose sur les gardes-côtes et les douaniers et leur capacité à prévenir d’un débarquement.

 Le programme de 1810

En France, les batteries de côtes du XVIIIe siècle, dont certaines ont été construites à la fin du XVIIe siècle sont réarmées. Elles servent de refuge dans le cas de rencontres fortuites avec l’ennemi, protégeant les « navires amis » au mouillage tout en évitant que  » l’Anglais ne s’y installe en croisière « . Des compagnies de canonniers gardes-côtes viennent d’être créées pour lutter contre la marine anglaise et les corsaires, les caboteurs s´organisent en convois aidés par des chaloupes canonnières stationnées dans les mouillages et à l´entrée des rivières.

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Plan d’une batterie de cotes, avec corps-de-garde, poudrière et fourneau à rougir les boulets. Lequeu, Jean Jacques (1757-1825?). Dessinateur. Collection Gallica.

Le système de corps de garde et signaux de côte est modernisé par le sémaphore (1808), le télégraphe et la vigie.

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Tableau des signaux de côte par Deherme, ingénieur de la Marine, vers 1793-An III, Archives Départementales des Côtes-d’Armor.

En 1810, Napoléon souhaite réorganiser la défense des batteries de côtes de l´Empire, de la mer des Wadden (Pays-Bas) à la Dalmatie (Croatie). Or, à l’époque, et depuis le XVIIe siècle, les batteries ne sont guère constituées que : de l’épaulement couvrant les pièces, d’un corps de garde pour abriter le personnel et d’un magasin à poudre. Ces deux derniers, parfois regroupés en un seul bâtiment non à l’épreuve des bombes et le plus souvent en mauvais état.

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Elévation, plan et profil de plusieurs corps de garde faits sur le même modèle proposé à rétablir avec un nouveau comble de charpente, fait à Brest le 8 juin 1744 par Dubreuil Dumarchais. Collection portail des patrimoine de Bretagne.

Partant du constat que les batteries de côte sont, en réalité, des canons très vulnérables à un raid ennemi, il va alors falloir rassembler les éléments nécessaires au bon fonctionnement d’une batterie de côte en un seul ouvrage  » faisant bloc  » en cas d’attaque afin de mieux les protéger. La « tour » est née !

La « tour-modèle » regroupe dans un même édifice tous les éléments nécessaires à une batterie de côte : réduit défensif, pièces d´artillerie, magasins d´artillerie, à poudre et à vivres pour la garnison.

La particularité de ce nouveau système de fortification est la standardisation des ouvrages basés sur des « plans-types » établis par le comité des fortifications et visés par l´Empereur. Ce programme de défense des côtes, adapté en juin 1811, est connu sous le nom de « tours et redoutes modèles type 1811 ».

L’avantage de ces tours est de :

  • pouvoir prévenir l’arrivée de l’ennemi, en voyant plus loin et avoir le temps de mettre en place une contre-attaque… c’est un poste de surveillance, un corps de garde ;
  • servir de flanquement aux trois espèces de batterie de côtes définies par l’Empereur, celle de première classe pour défendre les ports ou une rade où peut mouiller une escadre, celle de seconde classe pour défendre un port ou une rade où seuls peuvent mouiller les navires de commerce et celle de troisième classe pour la protection du cabotage ;
  • dominer l’espace maritime à défendre (la zone de mouillage, les navires amis,etc.) ;
  • pouvoir servir de réduits aux flèches, lunettes, redoutes, têtes de pont, de digue, de défilé, …., ou pour occuper un sommet de montagne, la croupe d’un contrefort, l’isthme d’une presqu’île,…., d’où la prise en compte de la défense rapprochée en dotant les édifices d’un plan de feu perfectionné pour les armes portatives (pistolets et fusils) ;
  • disposer d’une solution économique, car construire des tours d’artillerie ou d’observation revient moins cher que de fortifier la totalité de la côte, on ne fortifie que les sites les plus menacés.
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Intégration d’une tour-modèle n°1 dans une batterie, celle des Saumonards. Plan du fort des Saumonards après son achèvement en 1855. Collection A.G..

Les tours-modèles

L’Empereur adopte cinq types de tour : les tours proprement dites, type 1,2 et 3, destinées à servir de réduit défensif voûté à l’épreuve; auxquelles s’ajoutent deux types simples, n°4 et 5, plus petits et non à l’épreuve, destinés à servir de corps de garde défensifs.

Tour modèle

Les cinq types de tours-modèles. Collection Philippe Truttmann.

Les trois premiers types sont de structures identiques, à trois niveaux, seules les dimensions diffèrent. Elles sont une combinaison des tours de Vauban et de celles que Bonaparte a faites construire en Égypte. De plan carré à pan légèrement coupé (permettant le percement dans l’angle d’un créneau de fusillade comme sur la tour Vauban à Camaret) et de forme pyramidale.

La tour de Camaret (29) avec ses créneaux de fusillade dans les angles. Collection Michael Rapp.

Si les organes défensifs : dispositifs d’entrée, créneaux de fusillade (rappelant les archères), bretèches (créneaux de pied) et même le principe de la tour (rappelant le donjon) semblent d´inspiration médiévale, en réalité il s’agit d’une réédition de motifs fonctionnels adaptée à l’arme portative : le fusil.

A suivre……

 

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