Les fortifications du Chemin des Dames : le fort de Condé (4/6)

L’entrée du fort de Condé, prise depuis le haut du ravelin. Photographie Fortification et Mémoire.

Dans cet article, les documents mentionnés : «Collection Vaubourg Cédric» ou «Collection Vaubourg Julie» ou «Collection Vaubourg Cédric et Julie» ou «www.fortiffsere.fr» sont publiés avec l’extrême amabilité de monsieur et madame Cédric et Julie VAUBOURG. Ces documents sont extraits de leur site : www.fortiffsere.fr, le site web sur la fortification Séré de Rivières.

Nous remercions également monsieur Jean-Pierre Zédet pour l’autorisation accordée de mettre en ligne sa représentation 3D du canon-revolver Hotchkiss de flanquement. Pour tout connaître de ce canon : ici.

Le livre de Jean-Pierre Zédet (seconde édition).

Dans cette quatrième partie, Fortification et Mémoire vous entraîne au fort de Condé-sur-Aisne. Magnifiquement restauré et entretenu, il est un formidable témoin de la fortification de Séré de Rivières.

 Le fort de Condé-sur-Aisne

La façade du casernement du fort de Condé. Collection C19.

La façade du casernement du fort de Condé. La seconde située en vis-à-vis a été détruite. Collection C19.

Situé sur un point haut (174 mètres) près du Chemin des Dames, le fort de Condé est construit de 1877 à 1882 pour un coût estimé à 1 800 000 francs. Depuis le 9 juillet 2001, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Par décret du 21 janvier 1887, le ministre de la guerre, le général Boulanger souhaite que l’on rebaptise chaque bâtiment militaire (caserne, fort, batterie…) du nom d’une gloire, si possible militaire et locale. C’est ainsi que le fort de Condé-sur-Aisne devient, un temps, le fort Pille.

Le fort Pille.

La première entrée du fort avant 1912, le nouveau nom Fort Pille est apposé, on distingue dessous la mention « ANt de Condé ». Collection Annie Pinta.

Le fort de Condé s’inscrit dans la tradition de la fortification française de Vauban à Maginot. Il est l’un des derniers représentant du deuxième âge de la fortification, celui de la pierre taillée (après l’âge de terre et avant l’âge du béton). Et, comme beaucoup d’autres de cette époque, à peine achevé, il est déjà dépassé. En 1886, les « obus-torpilles » sonnent le glas de la fortification maçonnée (ou taillée) et recouverte de terre, comme le fort de Condé [voir l’article : les fortifications du Chemin des Dames : les conséquences de la crise de l’obus-torpille].

La position défensive de La Fère, Soissons et Laon

Le fort de Condé est un ouvrage dit « de seconde ligne » [voir partie précédente], intégré à la position défensive : La Fère – Laon – Soissons. Celle-ci s’appuie sur ces trois anciennes places fortes ayant résisté aux Prussiens durant la guerre de 1870. Cette ligne eût pu, si les crédits avaient été alloués, protéger Paris en 1914. La frontière nord du pays a peu retenu l’attention des états-majors après la crise de l’obus-torpille. Cette fatale ignorance entraîne la non-fortification de « la falaise de l’Aisne » et le déclassement des forts déjà construits, ce qui coûtera à la France d’innombrables vies humaines, notamment sur le Chemin des Dames.

  Table d'orientation indiquant : les forts de Condé et de La Malmaison, la batterie des Bruyères et le réduit de Laniscourt. On y a également représenté les zones couvertes par les pièces d'artillerie des ouvrages. Photographie Fortification et Mémoire.Table d'orientation montrant le fort de Condé dans le système défensif des places de Soissons et de Laon. Photographie Fortification et Mémoire.

Le projet est ambitieux, mais seule La Fère reçoit un commencement de ceinture de trois  forts (Mayot, Liez et Vendeuil) et une batterie (Renansart), tandis que la forêt de Saint-Gobain (sud/sud-est de la Fère) reste sans défenses.

Carte des forts de La Fère. Collection Géoportail.

Positionnement des forts autour de la Fère. Collection Géoportail.

Laon et Soissons sont reliés par les forts de Condé-sur-Aisne et de La Malmaison. Vers Reims, seule la batterie de Bruyères et le fort de Montbérault sortent de terre. Par deux fois au cours de la première guerre, ce fut en quelque sorte le ventre mou du front occidental dans lequel les Allemands s’enfoncèrent profondément.

Le fort

Sa construction

Le fort de Condé occupe une superficie totale de treize hectares, au nord-ouest de Condé-sur-Aisne (02). Cet ouvrage de seconde ligne est chargé de battre les vallées de l’Aisne et de la Vesle. Il assure également la défense de La Fère et de Soissons.

Le fort de Condé positionné sur une carte au 1/25 000. Collection Géoportail.Le fort de Condé vu du ciel.Vue aérienne du fort de Condé en 1917.    

Le fort de Condé est construit en même temps que celui de La Malmaison par les mêmes entrepreneurs. Les premiers travaux remontent à 1876 : levées topographiques, études administratives, projets de conventions et de marchés. L’ordre d’étudier la construction est donné le 3 janvier 1877 et le dossier d’avant-projet du fort et de sa batterie est achevé le 1er juillet 1877. L’ensemble est approuvé par le général Jean-Auguste Berthaut, ministre de la guerre, le 22 août.
On alloue 100 000 francs pour commencer les travaux. Le 15 septembre, l’entrepreneur Fortier est chargé de construire des baraquements et de réaliser des routes d’accès au site. Le 27 septembre, l’acquisition des terrains est déclarée d’utilité publique et la construction, enregistrée le 3 octobre.

Les travaux sont mis en adjudication le 18 décembre et l’entrepreneur Dollot emporte la plus grande partie des marchés de construction de Condé et de La Malmaison.
La procédure d’acquisition des terrains est longue puisque les cent cinquante-cinq actes ne sont signés que le 9 novembre 1878. Sur place, le représentant du Génie est le capitaine Lefort, remplacé en octobre 1880 par le capitaine Francke.
Les projets définitifs sont approuvés en mai 1878 par le général Jean-Louis Borel et en juillet par le directeur du Génie. L’estimation du coût total, agréée le 25 novembre 1878 se monte à 76 000 francs pour les acquisitions des terrains et 1 774 000 francs pour les travaux, soit 1 850 000 francs au total. Cette somme est dépassée car on annonce des dépenses supplémentaires dès le 30 décembre.

L’entrepreneur Dollot éprouve des difficultés et multiplie les réclamations à partir de 1879; il finit par résilier son double marché pour les forts de Condé et de La Malmaison en octobre 1881. Il est remplacé par monsieur Fortier pour le fort de Condé. Malgré tout, les travaux avancent : états estimatifs et dessins du revêtement de l’escarpe sont réalisés en mars 1880 et la contrescarpe en avril 1882.

Revenons en 1879 pour suivre la construction des casemates cuirassées, dont le rôle est défini par les directives ministérielles du 13 mars 1879 : «enfiler les vallées de l’Aisne et de la Vesle en battant les communications qui les parcourent». Le projet de 1879, est modifié et adopté le 2 août par la commission de révision de l’armement des places et le 1er septembre 1879, par le général Henri Gresley. Les travaux de maçonneries peuvent enfin commencer.
Le transport des cuirassements, qui coûte 30 000 francs, est assuré depuis la gare de Crouy par une locomotive routière à vapeur tractant un fardier. L’itinéraire passe par Bucy, Sainte Marguerite et Chivres-Val. Il nécessite des travaux préparatoires : aménagement de voies et quais à la gare de Crouy, renforcement des ponts, consolidation d’une cave et de portions de routes, rechargement en pierre, notamment de la voie d’accès au fort depuis Chivres-Val.
Dans le fort, on dû établir un quai de déchargement provisoire, un chemin de fer à voie étroite contournant le saillant 3 et traversant le fossé, non encore maçonné, de 9,5 mètres de large sur 6 mètres de profondeur sur un pont provisoire en charpente, monté successivement au droit des saillants 3 et 2.

Extrait du Journal officiel du 31 décembre 1881 classant le fort de Condé comme une place de guerre de première série. Collection Gallica.

Les pièces de cuirassement de la casemate B sont reçues aux usines de Saint- Chamond dans l’Aisne le 11 janvier 1881; au fort de Condé, la voie de chemin de fer est terminée le 17 janvier, pour recevoir la première pièce arrivée en gare de Crouy. Le transport s’effectue en quatre voyages entre le 3 et le 21 mars; la locomotive est lente, il faut nettoyer les tubes encrassés de la chaudière à chaque voyage, certains passages sont délicats et la pente trop forte entre Chivres-Val et le fort de Condé.

Dès le 22 mars toutes les pièces du cuirassement sont à pied d’œuvre et l’on peut démonter le pont de service du saillant 3 pour le replacer au saillant 2.

Pour le cuirassement de la casemate C, les pièces sont reçues à Saint-Chamond le 26 février 1881, répétant le même procédé que ci-dessus. La mise en place des cuirassements dure jusqu’au 4 mai. On peut réaliser en une seule campagne (du 7 mai au 12 mai) la coulée et le matage de plombs dans les joints des cuirassements des deux casemates .
Puis on démonte la voie de service et l’on remet en état les ponts et les chemins empruntés par les cuirassements. Le matériel est expédié vers le fort de Joux (Pontarlier).
Les travaux s’achèvent par le bétonnage et la réalisation des couvertures en terre (glacis).

La réception définitive des deux casemates cuirassées a lieu le 21 juillet 1881, par une commission de six officiers supérieurs dont le commandant Mougin. La remise du fort au service de l’artillerie a lieu le 6 décembre : le procès verbal est signé par le commandant Méland, chef du génie à Soissons et par le commandant Mougin, chef du service des cuirassements à la direction du génie.
Fin 1883, la construction du fort est pour l’essentiel terminée. Mais les travaux continuent : installation du télégraphe optique avec Paris, du télégraphe électrique avec Soissons, d’un paratonnerre, creusement d’un puits et installation d’une pompe, aménagement de deux citernes à eau.

Son plan

Plan du fort de Condé.

Plan du fort de Condé.

Sa garnison

Ses cinq hectares intramuros peuvent accueillir 20 officiers, 38 sous-officiers et 600 soldats. S’y côtoient des fantassins, des artilleurs et des sapeurs. L’infirmerie peut abriter 78 blessés. Il est aussi construit une écurie pour 12 chevaux, deux magasins à poudre pouvant contenir 126 tonnes de poudre noire, une cartoucherie permettant le stockage de 445 200 cartouches, une forge, un atelier à bois, deux fours à pain pour 300 rations chacun (fours aujourd’hui détruits) et un second puits (l’un des deux puits atteint une profondeur de 87 mètres).

Le soldat d’infanterie entre 1877 et 1886. Collection fort de Condé.

Son artillerie

En 1888, le fort comprend quarante et une pièces : deux casemates Mougin de 155 Long, deux canons de 155 Long, quatre canons de 155 Court, dix-neuf canons de 120 Long, quatre mortiers lisses de 15. Et, pour le flanquement des fossés : cinq canons révolver et cinq canons de 12 culasse.

Canon 155 Long du système de Bange en position devant le mémorial de Verdun. Photographie Fortification et Mémoire.Canon de 155 Court du système de Bange.Canon de 120 Long. Collection http://www.sambre-marne-yser.be.    

 Canon de 12 de flanquement "Le Nasica". Collection musée de l'armée.Mortier lisse de 15. Collection http://canonspgmww1guns.canalblog.com.

Un magnifique illustration 3D du canon-révolver de flanquement Hotchkiss modèle 1879. © Jean-Pierre Zédet.

   

Les pièces d’artillerie (hormis celles sous cuirasse) sont réparties sur les plateformes d’artillerie du fort. A sept cents mètres à l’est du fort se trouvait un petit ouvrage ouvert à la gorge de forme peu ou prou triangulaire pour huit pièces de rempart, dont quatre en arc de cercle sur sa partie haute. Sa partie basse comprenait également un petit magasin à poudre (huit tonnes) et un puits. Il avait pour mission de battre le confluent de la Vesle et de l’Aisne. Cet ouvrage a été totalement détruit par les Allemands.

Au fil des années on prélève l’artillerie, à tel point que le fort est radicalement déclassé en 1912.

Un servant d’artillerie non monté vers 1890. Collection fort du Condé.

Son histoire

Le fort est désarmé en 1903 (son désarmement débute en 1896, soit quatorze ans après son achèvement !) comme tous ceux du secteur Laon-La Fère, puis déclassé le 17 juillet 1912.
Les Allemands prennent l’ouvrage sans combat, le 1er septembre 1914. Quelques jours plus tard, lors du recul ennemi après la bataille de la Marne, le fort est plusieurs fois attaqué par les Français et les Anglais. Le fort tombe le 15 septembre. Les Allemands réagissent sans tarder. De violent combats s’y déroulent fin septembre mais il reste aux mains des Allemands jusqu’en avril 1917. Ils y installent un phare qui balaie la vallée de l’Aisne ainsi que des batteries d’artillerie tout autour du fort.

Le 16 avril 1917, le général Nivelle lance une offensive sur le Chemin des Dames. Les Allemands évacuent Condé non sans avoir détruit quelques casernes et placés des mines. Les Français se présentent le 18 avril au soir et recueillent trois déserteurs polonais qui leur apprennent la présence de mines. Le Génie coupe les fils de mise à feu et décharge les fourneaux.

Traces de l'occupation allemandes. Photographie Fortification et Mémoire.Traces de l'occupation allemandes. Photographie Fortification et Mémoire.

Le 23 octobre, les généraux Pershing et Franchet d’Espèrey viennent au fort afin d’observer les combats sur le Chemin des Dames.

Les généraux Pershing et Franchet d’Esperey sortent du fort. Collection M Barros.

Voici comment se déroule cette entrevue, telle qu’elle est relatée par Frank Vandiver dans sa biographie du général américain : «Pendant que le tonnerre des canons roulait sur l’Aisne, le général put apprécier un repas léger dont le menu aurait fait honneur à un restaurant parisien, dans une des chambres du vieux fort de Condé.» Une anecdote semble avoir frappé la mémoire du général : «Alors que le sort de la bataille était encore incertain, le général d’Esperey, avec une nonchalance extrême, gratifia ses invités d’une longue narration de sa traversée de l’Iowa quelques années auparavant, faisant alors l’expérience de la prohibition et raconta comment il ne put étancher sa soif, pas même avec un simple verre de vin.» Et Pershing de commenter cet épisode : «A l’entendre décrire la façon dont il avait souffert dans l’Iowa, on aurait pu penser qu’il évoquait une traversée du Sahara.»

Une fois la bataille bien engagée, les deux généraux quittent le fort, situé à un peu moins de dix kilomètres des combats, pour se rapprocher des lignes. Les faits sont même relatés dans l’édition du New York Times du 25 octobre 1917.

L’article du New York Times du 25 octobre 1917. Collection New York Times.

Le fort de Condé n’y est autrement cité que comme «un poste favorable situé à quelque distance de la ligne de front française». D’après l’article, c’est Pershing qui insiste pour se rapprocher des combats, ils gagnent ainsi les tranchées françaises, puis les tranchées allemandes capturées de première puis de seconde ligne «à travers le feu de l’artillerie ennemie». L’attitude imperturbable de Pershing aurait fait forte impression sur les soldats français précise le journaliste. On apprend aussi qu’ensuite, Pershing accompagne d’Esperey au Grand Quartier Général de Pétain (à Compiègne) lors de la présentation du rapport détaillé des opérations.

Pierre Gosa, dans sa biographie de Franchet d’Esperey écrit quant à lui, malheureusement sans mentionner l’entrevue au fort : «Dans la matinée, Franchet d’Esperey emmène Pershing et ses officiers sur le terrain dépassé par les premières vagues. Ils croisent les premières colonnes de prisonniers en marche vers l’arrière ; quelques balles perdues sifflent à leurs oreilles, les Américains se montrent ravis de ce baptême du feu.»

Le 27 mai 1918, c’est l’ultime offensive allemande sur le Chemin des Dames. Le front franco-anglais se disloque, les Allemands foncent jusqu’à Château-Thierry. Le fort de Condé est bombardé et prit d’assaut le 28 mai. En août 1918, les Français reviennent dans la vallée de l’Aisne et attaquent sur les pentes menant au fort. Les Allemands le quittent le 7 août après avoir enlevé leurs pièces d’ artillerie.

Au sortir de la Grande Guerre, le fort a subi d’importants dégâts. Son utilité au regard de l’évolution l’artillerie le rend désormais obsolète. C’est donc logiquement qu’il est dans un premier temps désarmé, (ne servant plus que pour des manœuvres militaires) pour être finalement déclassé et abandonné en 1927.
Au fil des années, la végétation enfouit le fort. La commune de Condé-sur -Aisne se désintéresse de ce fort militaire qui n’a plus lieu d’être.

Le désintéressement pour cet édifice fut tel qu’il sort des mémoires et seuls quelques autochtones en arpentent les cours vides.

Mais, dans les années 1950, le fort va de nouveau être le témoin d’une nouvelle activité militaire puisqu’il sert de centre de désobusage. Le centre de déminage utilise certaines traverses enracinées pour ses travaux de déminage. Pour ce faire, ils reconditionnent les obus, étalent la poudre pour la faire brûler. Ce qui, par ailleurs, altére la pierre sur près de cinquante centimètres et lui confère sa couleur noirâtre. Ce désobusage intensif a même parfois provoqué l’éboulement de certaines traverses abris.

Le 2 juillet 1959, la commune de Chivres-Val rachète le fort de Condé à la commune de Condé-sur-Aisne. Le fort, véritable ressource en pierres de taille sert de carrière aux habitants de Chivres-Val et des environs. Ceci s’explique par les dégâts occasionnés par les deux guerres mondiales, ainsi que l’appauvrissement des habitants. Ce fort aurait pu être totalement démantelé de ses pierres mais un événement va le préserver.
En 1979, monsieur et madame Potier créent l’association de sauvegarde et de mise en valeur du fort de Condé, des églises et des monuments en péril du sud-Picardie. Puristes en vielles bâtisses et en pierres de taille, ces deux passionnés ressentent le potentiel que peut représenter cet édifice. Ils vont grâce à l’association REMPART se renseigner sur le site pour commencer à le rénover. La commune leur confie, par un bail de trente ans, la destinée du fort à compter du 1er septembre 1979. [L’Union REMPART est une union d’associations de sauvegarde du patrimoine et d’éducation populaire, dont le but est la restauration de monuments. Fondée le 11 juillet 1966 par le Touring club de France, elle a été reconnue comme organisme d’utilité publique en 1982. REMPART est l’acronyme de Réhabilitation et Entretien des Monuments et du Patrimoine ARTistique].

En juin 1994, avec l’aide de la Caisse de Logement et d’Insertion commencent les premiers travaux de rénovation et de défrichage du fort de Condé.

En 2000, la Communauté de Communes du Val de l’Aisne (CCVA) entreprend d’importants travaux de restauration du fort, générant bon nombre d’emplois et permettant l’ouverture au public de ce site. Le CCVA, en charge du fort de Condé a su percevoir l’énorme potentiel que représente le fort. Il a su avec audace redonner vie au fort de Condé pour en faire un site inscrit aux inventaires supplémentaires des monuments historiques.

Le 1er juillet 2003, l’effort commun fournis par la Communauté de Communes du Val de l’Aisne permet l’ouverture du fort de Condé en proposant des visites guidées ainsi que des événementiels.

La nouvelle vie du fort de Condé.

La nouvelle vie du fort de Condé.

Quelques éléments architecturaux

Capture

Le fort de Condé en 1914. Collection Vaubourg Cédric. fortiffsere.fr

L’entrée du fort de Condé (après avoir traversé le ravelin). A droite et à gauche, les postes de garde et en enfilade la longue galerie d’entrée. L’entrée était pourvue d’un pont-levis à bascule du système présenté en 1860 par le général Jules Tripier. Deux contrepoids dans le prolongement des poutres latérales du tablier s’enfoncent dans des rainures pratiquées dans le sol du porche d’entrée (toujours visibles). Avant de pénétrer à l’intérieur du fort, on aperçoit sur la gauche la caponnière double.

L'entrée du ravelin. Photographie Fortification et Mémoire.L'entrée du fort de Condé avec ses deux corps de garde (2012). Photographie Fortification et Mémoire.Depuis le pont d'accès vue sur la caponnière double. Photographie Fortification et Mémoire.La longue galerie d'entrée. Photographie Fortification et Mémoire.      

La première entrée du fort de Condé vers 1918 (aujourd’hui disparue).

L’entrée du fort de Condé dans les années 1920.

Les caponnières. La défense (ou le flanquement) des fossés est assurée par des casemates d’artillerie basses appelées caponnières. Ce sont des ouvrages massifs, en pierres de taille, tapies dans le prolongement des fossés. Elles sont pratiquement indestructibles par les obus de l’époque. Dites simples si elles ne prennent en enfilade qu’une direction, doubles ou triples pour deux ou trois directions.

Elles peuvent contenir un ou deux étages à feu et sont armées par des canons révolvers et des canons de 12 « culasse ». Des créneaux horizontaux pour des fusils, des créneaux verticaux (dits créneaux de pied) pour lancer des grenades dans les fossés assurent leur défense. Un fossé diamant, plus profond, est placé devant les embrasures pour empêcher l’ennemi d’y entrer ou pour recueillir les débris de murailles projetés lors des bombardements. Les embrasures sont protégées des coups directs ou plongeant par un orillon en maçonnerie.

Le fort de Condé possède deux caponnières double (une de gorge et une de tête) et une caponnière simple (voir plan ci-dessous).

Sans titre

Schéma d’une caponnière.

 

La caponnière double de gorge. Photographie Fortification et Mémoire.la caponnière double2 sdrLa caponnière simple.Un créneau de pied. Photographie Fortification et Mémoire.      

A l’intérieur d’une caponnière l‘armement, on peut trouver deux types d’armement.

  • Le canon révolver Hotchkiss modèle 1879 de 40 mm sur affût modèle 1882. Il tire un obus chargé de poudre noire contenant 98 balles de plomb durci (boîte à balles). Cette munition explosive de faible puissance ne détériore pas les maçonneries des fossés de l’ouvrage. Comme les tubes sont rayés d’un pas différents, le canon révolver arrose littéralement le fossé sur une portée de 500 mètres avec sa cadence de tir de 30 coups, soit 600 balles à la minute. On le nomme parfois la « mitrailleuse » des forts  Séré de Rivières.

Dans un coffre simple du fort de Villey-le-Sec (Toul), un canon révolver côtoie un canon de 12 culasse. Collection Vaubourg Julie / fortiffsere.fr

  • Le canon de 12 « culasse » modèle 1858. C’est l’ancien canon de campagne de 12 en bronze du second Empire. Il se charge par la gueule. Il a été modernisé en 1884 par l’ajout d’une culasse. Cette pièce tire un obus à poudre noire de 121 mm, mais aussi des boîtes à mitrailles.

Le « Nasica », le canon de 12 culasse du musée de l’Armée. Collection musée de l’Armée – photo Philippe Fuzeau.

Cet armement reste en service durant des décennies, certains sont encore en place en 1940.

Les batteries à ciel ouvert. Le fort de Condé présente les caractéristiques d’un fort « à massif central et batteries basses ». Cette architecture est pratiquée au début du système Séré de Rivières. Le fort à batterie basse évite les deux désavantages du fort à cavalier : l’impossibilité d’armer les forts avant que la construction de la caserne soit terminée en cas d’armement d’urgence (crise de 1875) et les traverses abris se situant très haut sur le rempart, donnent de très bons repères à l’artillerie ennemie. Avec ce type de fort, on peut donc les armer sans attendre la fin de la construction des casemates et les traverses abris ne se profilent plus au sommet.

Capture

Fort à massif central avec batterie basse.

Les organes de combat sont disposés autour de la caserne (4) en deux couronnes. La première, située à la crête des remparts (5) est desservie par la rue des remparts (6). Elle supporte l’artillerie. Les canons sont regroupés en batterie pour concentrer le tir sur un objectif commun. La seconde concerne les fossés (7) avec leurs moyens de défense rapprochée : les caponnières (8). Les pièces d’artillerie sont positionnées sur des plateformes à l’air libre (9). Ces emplacements de tir sont protégés par un parapet (10) de huit mètres d’épaisseur comprenant des abris maçonnés : les « traverses-abris » (11).

dessin fort1La plateforme de tir se compose de plusieurs lits de bois équarris (5). Le mur du parapet est recouvert de bois équarris (6) et pourvu de niches destinées au stockage des munitions (7) et des apparaux (8). A l’époque du fort, l’inconvénient majeur des canons est leur violent recul au départ du coup : le tube du canon (9) étant solidaire de l’affût (10). Les servants de pièce sont obligés, à chaque fois, de la repositionner et de refaire le pointage. Pour limiter l’effet du recul, on plaçait des coins (11) derrière les roues. Lors du tir, celles-ci montent sur les coins, puis redescendent par l’effet de la pesanteur, vers l’avant, facilitant ainsi le service de la pièce.

 

Les traverses-abris. Les emplacements de tir des canons sont séparés par des massifs de terre comprenant des abris maçonnés à deux niveaux. Ces ouvrages ont pour rôle :

  • de protéger les défenseurs et les pièces d’artillerie des tirs d’enfilade ;
  • de servir d’abri pour les servants, les munitions et les apparaux ;
  • d’isoler chaque plateforme de tir en cas d’incident de tirs (explosion des munitions, par exemple).

Plateformes et traverses-abris desservies par la rue des remparts. Collection CDT02 – Flament.

Le rez-de-chaussée est divisé en trois compartiments parallèles dont l’un renferme un escalier (1) reliant les deux niveaux. Les munitions journalières sont abritées dans une partie des traverses. Les projectiles vides sont stockés dans les magasins latéraux (2) de la traverse-abri voire le long des murs de la rue des remparts (3) et des couloirs (4). La poudre noire nécessaire à la journée de combat est sortie des magasins à poudre et placée dans les dépôts de poudre de consommation. Le chargement des gargousses et des projectiles se fait dans l’atelier (5) au fond de la traverse-abri. Huit artificiers sont employés à cette tâche.

Le rez-de-chaussée d’une traverse-abri. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photo Fortification et Mémoire.

A l’étage se trouve un abri éclairé par deux fenêtres en façade (1). Des lampes à pétrole ou à huile placées dans des cages vitrées sont également prévues pour éclairer les lieux. Dans la plupart des traverses-abris, des bras de traverse (2) débouchent latéralement sur les plateformes de tir, juste derrière la crête de feu. Ces bras de traverse permettent aux servants de se mettre à couvert ou de gagner leur emplacement. Le compartiment central de la traverse est équipé d’une cheminée (aération et puits de lumière) (3) qui éclaire l’étage inférieur par une ouverture (4) réalisée dans la voûte. Cette ouverture est également utilisée pour remonter les gargousses et les projectiles chargés au rez-de-chaussée. Ces munitions sont stockées dans l’espace disponible (5) au fond de l’abri et dans les magasins latéraux (6) des traverses. La partie centrale (7) de l’abri est réservée aux hommes et au matériel.

L’étage d’une traverse-abri. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photographie Fortification et Mémoire.

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La casemate cuirassée. Elle est dénommée casemate Mougin : du nom de son inventeur le commandant Mougin en 1874. Le fort de Condé en possédait à l’origine deux. Elles sont utilisées pour lutter contre le canon de siège et pour la surveillance des passages obligés. Cette casemate cuirassée sera construite à dix exemplaires et fabriquée par les usines Saint-Chamond [la ville de Saint-Chamond est située dans la vallée du Gier entre les monts du Lyonnais (au nord) et le massif du Pilat (au sud) et entre Saint-Étienne et Lyon. Les tourelles sont construites par la «Compagnie des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de Fer»] pour un coût (hors armement) de 80 000 francs or. Son armement se compose d’un canon de 155 long modèle 1877 (2) monté sur un affût à châssis hydraulique modèle 1881 (1). L’ensemble dispose d’un angle de tir de 60° grâce à son affût monté sur rails et actionné par une manivelle. La hausse se règle grâce à un vérin hydraulique placé sur l’affût. Il permet un réglage de 25° en hauteur du canon allant de -5° à +20°. La pièce a une portée de tir maximum de 7 100 mètres. La casemate est fermée à l’avant par un mur de genouillère (11) portant une plaque d’embrasure (12) en fonte dure de 23 tonnes et de 60 centimètres d’épaisseur. Cette plaque est percée en son milieu par une embrasure de 40 x 35 centimètres. Cette embrasure est précédée, à l’extérieur d’un puits dont la margelle est constituée par un étrier en fonte dure de 10 tonnes (9). Un obturateur (3) (verrou) en fonte dure protège l’embrasure après le tir en coulissant dans le puits à margelle. Ce verrou est monté sur une colonne pivot qui est équilibrée par un contre poids de 7 tonnes (4). La manœuvre s’effectue par le biais d’une chaîne sans fin (6) actionnée par deux treuils à main (7) placés dans des niches sur le côté de la chambre de tir. Pour éviter les incidents de tir, une mise à feu électrique alimentée par une batterie empêche le fonctionnement du canon lorsque le verrou ferme l’ouverture. La manœuvre du verrou s’effectue en 5 secondes. Le plafond (10) est constitué de 4 plaques en fonte dure accolées, de 25 centimètres d’épaisseur à l’avant et de 15 centimètres à l’arrière et d’un poids total de 168 tonnes (4 x 42 tonnes). Ces plaques s’appuient à l’avant sur la plaque d’embrasure et à l’arrière sur un profilé fixé à la voûte en béton de la casemate. L’avant de la casemate est recouvert d’une couche de béton de chaux, elle-même surmontée d’un massif de sable et de terre. Deux orillons en béton (13) de chaque coté de l’embrasure protège la casemate des coups obliques. L’évacuation des fumées et gaz de tir engendrés par l’utilisation de la poudre noire s’effectue par la cheminée (8), faisant également office de puits de lumière et par les évents latéraux (14), lesquels servent à la décompression de la casemate lors du départ du coup.

Plan en coupe d’une casemate Mougin pour canon de 155 long. Collection Vaubourg Cédric – www.fortiffsere.fr

 

Replica of a Mougin casemate gun at the Fort du Mont Bart Photo Bresson Thomas      
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L’avant d’une des deux casemates Mougin du fort de Condé avec son embrasure protégée par deux orillons en béton (13). On devine l’arrondi du sabot métallique. Collection Vaubourg Julie.

 

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Les magasins à poudre. Raison d’être du fort, l’artillerie, en batterie sur les remparts ou dans les casemates, exige un approvisionnement efficace en munitions. Pour ce faire, on dispose d’une véritable chaîne de ravitaillement allant des deux magasins centraux de la place (magasins à poudre) jusqu’aux locaux à munitions situés près des canons. La réserve de poudre noire est entreposée dans deux magasins en pierres de taille bien distincts. Pour limiter au maximum les effets catastrophiques d’une explosion (accidentelle ou non), il convient de les éloigner le plus possible des logements (casernement). Les deux magasins à poudre sont intégrés dans le massif central de part et d’autre de la caserne. Le plus grand (A) mesure 6 mètres de large sur 20 mètres de long, le plus petit (B) fait 6 mètres de large sur 14 mètres de long. Ils ne possèdent pas d’étage. Tous les deux ont une hauteur de 4.8 mètres. Ces magasins à poudre peuvent stocker respectivement 76 et 48 tonnes de poudre en caisses de 50 kilogrammes. Le magasin à poudre résume bien les efforts déployés pour concilier protection, assainissement, fonctionnalité et sûreté. Pour sa protection, il est recouvert par 5 mètres de terre damée. Sa voûte à un mètre d’épaisseur et ses piédroits, 1.6 mètre d’épaisseur.  Pour sa sécurité, l’accès à la chambre aux poudres depuis le passage couvert était barré par trois portes successives à trois serrures (1) formant un sas (2) et un vestibule d’entrée (3). La poudre noire étant sensible à l’humidité, l’assainissement est assuré par divers dispositifs. La chambre aux poudres ou chambre de stockage (4) est construite sur un vide sanitaire surmonté d’un double plancher de chêne. Elle est entourée de deux gaines de circulation appelées galeries enveloppes (5)(6) d’un mètre de large. Les caisses de poudre étaient empilées sur deux rangées parallèles. L’éclairage artificiel est fourni par trois lanternes à pétrole (ou à huile de colza) (8) placées derrière des vitres de deux centimètres d’épaisseur et installées dans un local spécifique (la chambre d’éclairage ou la chambre des lampes) (9), accessible depuis l’un des couloirs latéraux. L’éclairage naturel est assuré grâce à deux miroirs (11) diffusant la lumière du jour par le biais de deux puits de lumière.

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Plan en coupe d’un magasin à poudre modèle 1874. Collection Vaubourg Cédric 2011.

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Le casernement. Lieu de vie de toute la garnison, la caserne est implantée, si possible, à égale distance des différents postes de combat (crête d’infanterie et d’artillerie, caponnières, etc.). Elle est placée dans le massif central. Il s’agit d’une caserne à deux étages de type « à cour fermée ». A l’origine, elle est constituée de deux corps de bâtiments disposés en vis-à-vis, de part et d’autre d’une cour étroite dont l’axe est orienté perpendiculairement aux directions dangereuses. Ces deux bâtiments sont de même hauteur (deux niveaux) pour bénéficier mutuellement de la protection des talus extérieurs du massif central enveloppant le tout. Les bâtiments sont protégés à leur sommet par des voûtes en maçonnerie d’un mètre d’épaisseur, surmontées d’un lit de pierrailles et de trois mètres de terre. Cette couverture pouvait porter la crête de feu pour l’artillerie légère. Chaque étage est constitué d’une succession de cinq casemates voûtées (1) et compartimentées par des piédroits épais d’environ 1.50 mètre (2), de sorte que la destruction d’une casemate n’entraîne pas l’effondrement de celles qui lui sont attenantes. A chaque extrémité, l’alignement de casemates est soutenu par des petites travées voûtées (3) servant de contrefort.

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Architecture de la caserne. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photo Fortification et Mémoire.

Les casemates sont desservies par un couloir de circulation générale (4), formant également une isolation contre l’humidité. Au rez-de-chaussée, le couloir débouche dans la cour et permet d’accéder aux galeries souterraines (5) menant aux postes de combat. Côté cour, les casemates sont fermées par un mur de façade dont la qualité architecturale est remarquable : il est surmonté d’une corniche supportée par de faux mâchicoulis et présente des alignements verticaux et horizontaux ouvragés en bossage.

Un soldat français dans la cour au milieu des gravats des casernes. Seule la caserne nord est encore debout, la caserne sud n’est qu’un tas de ruines.

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L’organisation : Les trente-huit sous-officiers sont répartis sur les deux étages des deux bâtiments. Une partie occupe des chambres prévues pour deux personnes (lit à deux places du modèle 1876). Les autres sont regroupés au premier étage de la caserne nord, dans deux chambrées, les trois chambres restantes sont affectées à l’ambulance.

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Plan du niveau zéro des casernes. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photo Fortification et Mémoire.

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Plan du niveau un des casernes. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photo Fortification et Mémoire.

Les soldats sont installés dans la caserne sud dans dix grandes chambrées de soixante lits chaque, équipées du lit modèle 1876, dit « de casemate » à deux étages et quatre places. Pour avoir une idée d’une chambrée sous casemate en 1876.

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La cuisine de la troupe (1) est installée au centre de la caserne dans une casemate du rez-de-chaussée. Elle est équipée d’une cuisinière à charbon, en fonte, fabriquée par la Maison François Vaillant et adaptée à l’effectif rationnaire. Une boulangerie (2) est positionnée à côté de la cuisine, avec son magasin à farine (3). La boulangerie peut produire 200 à 300 rations de pain par jour.

Les normes de 1874 admettent 4 dm3 de vivre par homme et par jour de siège. Les vivres sont essentiellement constitués par :

  • la farine destinée à la boulangerie et confectionnée en sacs de 80 kilogrammes ;
  • le biscuit de « guerre » stocké en caisses de 50 kilogrammes empilées empilables sur six mètres de haut ;
  • le riz en sacs de 60 kilogrammes ;
  • les légumes secs (lentilles, pois cassés, haricots secs) en sacs de 80 kilogrammes ;
  • le café ;
  • le sel en sacs de 60 kilogrammes ;
  • le sucre « raffiné »  en caisses de 185 kilogrammes.

Toutes ces denrées, sensibles à l’humidité, aux parasites et aux rongeurs, doivent impérativement être entreposées au sec, bien ventilées en évitant le contact direct avec le sol et les murs.

En plus de ces denrées, on trouve : les salaisons de viande, le lard stocké en barils, les liquides (vin, huile, eau de vie) en tonneaux, entreposées dans les sous-sols.

L’ensemble de ce stockage est effectué dans les magasins à subsistance (4). On trouve également des magasins au charbon, au pétrole – pour les lampes – aux bougies, mèches, allumettes…..

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Plan « des subsistances » des casernes. Dessin de la plaquette murale explicative du fort de Condé. Photo Fortification et Mémoire.

Lors de la mise en état de défense du fort, les ouvertures (portes, fenêtres et puits de lumière) sont fermés par des blindages en bois et fer. Un éclairage et une ventilation sécurisée deviennent nécessaires. Dans les chambrées, on trouve pendus à la voûte, des « quinquets à suspension » à l’huile de colza, des chandeliers à ressort pour bougies, des lanternes à main, lampes à huile [sur ce sujet, vous trouverez dans l’article sur l’ouvrage de la Falouse un chapitre sur les lanternes de forteresse]. La ventilation repose sur un système permettant l’évacuation de l’air vicié par des bouches basses et l’insufflation d’air frais par des fentes latérales verticales en façades. Chaque casemate est chauffée par un unique poêle à charbon.

Nous nous arrêterons ici dans la description du fort de Condé, laissant le soin aux lecteurs de compléter cet article par une visite aussi instructive qu’intéressante. Notons également la qualité de l’accueil comme celui de la visite des permanents du site.

La visite virtuelle du fort de Condé.

Le site officiel du fort de Condé : ici.

une pensée fort de condéA suivre….La crise de l’obus torpille

 

 

 

 

 

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