
Carte postale indiquant l’entrée de la Caverne du Dragon dans les années 1920. La pancarte indique : « Ici entrée de la caverne du Dragon, intéressant à visiter » . Collection Alphonse Hanras, le premier guide non officiel de la Caverne, qui fit éditer une série de cartes postales.
Dans cette deuxième partie d’article, nous allons descendre sous terre. Fortification et Mémoire vous entraîne dans la Caverne du Dragon, une véritable forteresse souterraine. Celle-ci est devenue, aujourd’hui, l’un des hauts lieux de Mémoire de la Grande Guerre sur le Chemin des Dames et sur l’ancienne ligne de front.
Sur le Chemin des Dames, la géologie et la géographie favorisent l’exploitation de la pierre. Le calcaire érodé affleure sur les coteaux. Les liaisons terrestres et fluviales aisées facilitent le transport de la pierre. Dès le Moyen Âge, l’extension des villes (Soissons, Laon) et la construction des abbayes, châteaux et cathédrales nécessitent l’ouverture de multiples carrières : les creutes. Pendant le conflit, ces nombreuses carrières deviennent un enjeu stratégique majeur car elles sont enterrées, à contre-pentes, solides, vastes, aménageables et surtout, totalement à l’épreuve des tirs ennemis.
Si plusieurs centaines de carrières sont devenues des abris pendant la Grande Guerre, seule la Caverne du Dragon est fréquemment mentionnée dans les communiqués des états-majors jusqu’à devenir emblématique.
Brève histoire d’une carrière souterraine
Dans toute la région du Chemin des Dames, de nombreuses fermes utilisent ces cavités naturelles. En 1908, le docteur Lécuyer de Beaurieux note : « Les maisons sont accotées contre la montagne, et derrière la maison d’habitation on trouve les Creuttes ou grottes qui servent de bâtiments ruraux. Les unes servent de remise, d’autres de poulaillers, d’écuries, de vacheries, d’étables de toutes natures, enfin les autres servent de granges pour les céréales, blés, avoines etc. Ces dernières sont les plus grandes, et elles sont terminées par une large cheminée montant sur le plateau. C’est de là qu’on lance les gerbes. Notons que grains et bêtes s’en trouvent très bien ; que ces grottes sont très saines, fraîches en été, chaudes en hiver et jamais humides. Primitivement, elles servaient d’habitation à l’homme dans les temps préhistoriques. Le progrès marchant toujours, l’homme s’est construit une demeure en avant et n’a conservé les grottes que comme servitudes.» (« Beaurieux, son église, ses environs », Almanach-Annuaire Matot-Braine. Reims -1908).
La Caverne du Dragon – qui n’est pas à proprement parler une « caverne » ou une « grotte », ces termes désignant des cavités naturelles creusées dans la roche par l’érosion – est à l’origine une carrière exploitée depuis le XVIe siècle. Elle appartenait à l’abbaye de Vauclerc et était flanquée d’une bâtisse appelée : « ferme de la Creute » ou « ferme des Creutes (ou Creuttes) ». L’exploitation de la carrière cesse au cours du XIXe siècle. Devenue extension de la ferme, elle aurait servi de lieu de stockage pour du matériel agricole, d’étable ou de grange.

Située au nord du hameau de la Vallée Foulon, la ferme des Creutes était directement établie au bord du Chemin des Dames. Elle se trouvait à l’emplacement de l’entrée de la Caverne du Dragon.
L’ origine du nom
Un plan allemand mentionne une petite cavité au nord du nom de Drachenhöhle (grotte du dragon) et une partie sud appelée Creuthöle (grotte de la creute). Il est possible que le nom de grotte du dragon soit initialement celui donné à une petite clairière située sur le versant nord du plateau, dans laquelle les Allemands avaient installé leur cuisine. La fumée qui s’en échappait pouvant susciter la comparaison avec l’antre d’un dragon. Par la suite, on est passé de grotte à caverne, terme plus approprié à l’antre du dragon, animal fabuleux parfois doté de têtes ou de langues multiples et crachant du feu (celui particulièrement meurtrier des mitrailleuses allemandes lors de l’attaque du 16 avril 1917).
La Caverne entre en guerre ou l’histoire d’un chassé-croisé
La Caverne est située sur une ligne de crête dominant, à 186 mètres d’altitude, les vallées de l’Aisne au sud et de l’Ailette au nord. Elle est toute proche de l’isthme d’Hurtebise, l’endroit le plus étroit du plateau du Chemin des Dames, point hautement stratégique.

Détail d’une carte d’état-major (1820 -1866) montrant les fermes de la Creute et d’Urtebise (sans le H). On remarque bien l’isthme, seule bande de terrain plat, entre les plateaux de la forêt de Vauclair et d’Oulches. Collection Géoportail.
Le 14 septembre 1914, après la bataille de la Marne, les Français sont les premiers à occuper la creute, dont la ferme est déjà quasiment détruite. Le 4e régiment de zouaves résiste pendant plusieurs jours aux attaques allemandes.
Le 21 septembre, la ferme tombe aux mains des Allemands qui y installent leur artillerie juste sur les sorties de la creute.
Le 25 janvier 1915, les Allemands passent au-dessus de la Caverne et repoussent les Français cinq cent mètres en contrebas. Ils s’installent alors dans la grotte et creusent un tunnel long de cent vingts mètres créant ainsi une seconde sortie (sortie/entrée nord) pour éviter d’être pris au piège par une contre-attaque française venant à s’emparer des entrées sud. Cette sortie de secours abritera les cuisines. Les Français s’installent au village d’Oulches- la-Vallée-Foulon, dont il ne reste aujourd’hui que le lavoir et qui fait partie des cent trois villages complètement détruits de l’Aisne.
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Le 25 juin 1915, les soldats français des 152e, 334e, 213e régiments d’infanterie et du 41e bataillon de chasseurs à pied reprennent la Caverne. Environ 250 soldats allemands sont faits prisonniers par une poignée de soldats français. L’enjeu est d’autant plus important que ceux-ci ont pris pied sur le plateau et que leurs premières lignes passent au-dessus de la Caverne.

Schéma de zonage de la Caverne du Dragon, le 25 juin 1917. Ce plan est publié dans le journal de marche de la Cie Z 31/4. Collection SHD.
Ce même jour, la compagnie Z du Génie 31/4 (spécialisée dans les gaz de combat) déclenche une opération de gaz dans la Caverne du Dragon.
Voici de quelle manière le Journal de Marche des opérations de la Cie 31/4 relate cette affaire : « Le détachement du sous-lieutenant Moraine exécute l’opération projetée. Il s’agissait de procéder à une émission de gaz dans la caverne du Dragon située à 100 m à l’ouest du monument d’Hurtebise (près de la Vallée Foulon). Cette creute s’étendait en partie sous la première ligne française et était occupé dans sa partie nord par l’ennemi. Un mur la sépare en deux parties. La partie sud communiquait avec nos lignes, et n’était occupée que par des guetteurs allemands. Deux entrées, une horizontale en B une en descente en D permettaient d’accéder à la grotte du côté français. C’est par les entrées déléguées B et D qu’il fut décidé d’effectuer l’émission.
On plaça en D 18 bouteilles BC du type 22 litres et en B, 12 bouteilles du même type derrière d’épais barrages en sacs à terre destinée à éviter tout retour de gaz.
Le transport des bouteilles s’est effectué sans incident dans le courant de la nuit. L’heure fixée pour le commencement de l’émission était quatre heures. De trois heures à trois heures 45, l’ennemi exécute des tirs de barrage. L’émission effectuée normalement, de quatre heures à cinq heures quinze. Une légère fuite se produit en B, et amène à l’intoxication légère de deux sapeurs : l’un d’eux – Collinet – est évacué par les soins de Mr le Médecin Aide-Major Guirard, médecin de la compagnie.
À six heures les sapeurs rentrent au cantonnement leur mission terminée. Sur les 90 bouteilles ouvertes, deux seulement n’ont pas fonctionné (pointeau coincé).
L’attaque d’infanterie déclenchée à 18 heures a parfaitement réussi et a permis d’enlever la première ligne demie. En outre, 300 prisonniers dont 10 officiers sont restés entre nos mains.
Par suite de la présence dans la creute du mur de séparation, les Allemands n’ont pas eu d’intoxiqué mais ils ont dû conserver leurs masques pendant de longues heures ce qui a contribué à les démoraliser.»
[Nota : BC sont les initiales de Bertholite et Collongite, noms de code attribués respectivement au chlore et au phosgène. Ainsi, les bouteilles BC sont chargées en chlore et phosgène (environ 75-25%). Précisions fournies par Arnaud Lejaille du site : la Guerre des gaz.]
À l’intérieur de la creute, le 1er bataillon du 57e régiment Westphalien a enfilé les masques de protection contre les gaz et attend l’assaut. L’artillerie française va également entrer en action et barrer la seule voie de repli pour les assiégés : l’entrée nord de la Caverne du Dragon.
La suite de l’histoire ouvre bien des débats : qui est entré le premier dans la creute ? Un prêtre infirmier (l’aumônier Jean Py) du 152e régiment d’infanterie ou le soldat Plissonnier de la 22e compagnie du 334e régiment d’infanterie. Dans ce débat, semblant futile aujourd’hui, les autorités militaires tranchent en faveur du premier.
Quoi qu’il en soit, les assiégés ne semblent que peu avoir souffert des gaz, d’une part à cause de leur équipement, et d’autre part à cause de la présence du mur de séparation entre la partie sud et la partie nord de la caverne.

Croquis de la « Grotte » du Dragon établi le 30 juin 1917 par le 31e bataillon du Génie. Collection musée du Chemin des Dames.
Le plus de Fortification et Mémoire : La Division du Dragon (164e) / Novembre 1916 – Janvier 1919 (chapitre sur la Caverne du Dragon, page 37).
Le 26 juillet 1915, après de nombreuses contre-attaques, les Allemands occupent la partie nord de la Caverne, les Français se repliant dans la partie sud. Les deux armées cohabitent ainsi jusqu’au 2 novembre, avec sans cesse, attaques et contre-attaques dans tout le secteur.
Le 20 avril 1917, les Français prennent les trois sorties sud de la carrière et érigent des barricades de sacs de sable. Le compte-rendu du 2e corps d’armée coloniale fait part de la découverte française : «Une communication souterraine semble traverser du nord au sud le goulot d’Hurtebise et recèle des mitrailleuses qui tirent en arrière de nos troupes et dans la Vallée-Foulon.»
En mai, des tentatives d’avancée françaises en sous-sol se soldent par des échecs.
En juin, les Français sont installés sur le plateau et la ligne de front longe le Chemin des Dames. En dessous, les deux armées se partagent la grotte. Les murs édifiés servent de frontière entre les troupes, délimitant ainsi une zone de cohabitation plus ou moins pacifique. Frontière mouvante au gré des tentatives des Français pour remonter vers la sortie nord et des tentatives Allemandes pour atteindre les sorties sud. Il s’agit de la seule cohabitation connue entre deux armées à l’intérieur d’une même grotte.
Le 25 juin, les tranchées qui défendent la partie nord sont conquises par les soldats du 152e régiment d’infanterie appuyés par ceux du 334e régiment d’infanterie.

Article du Monde Illustré du samedi 7 juillet 1917 relatant la prise de la Caverne du Dragon. Collection B.N.F.
Le 27 mai 1918, lors de leur dernière grande offensive, les Allemands s’emparent de la Caverne du Dragon et du Chemin des Dames. Lors des combats, la sortie nord est détruite par le 118e régiment d’infanterie. Les troupes françaises sont repoussées jusqu’à la Marne.
Le 12 octobre, le 328e régiment d’infanterie reprend la carrière et son secteur. « Le 12, les 4 et 5e bataillons enlèvent, la ferme Heurtebise, la ferme Vauclaircq, franchissent l’Ailette et s’emparent de Bouconville et du château de Bove » peut-on lire dans « L’Historique du 328e Régiment d’Infanterie ». La Caverne du Dragon et l’ensemble du secteur sont définitivement aux mains des Français.

« Une escouade de la division Gaucher s’installe dans les ruines d’un blockhaus allemand, aux abords de la « Caverne du Dragon ». Cette photographie illustrait l’article du Monde Illustré du 7 juillet 1917 relatant la prise de la Caverne du Dragon.
Au total, les Allemands passent environ trente-quatre mois (en mettant les temps de présence bout à bout) dans la carrière et les Français l’équivalent d’une année sur le total des quatre années de guerre. À ces chiffres s’ajoutent les quatre mois de cohabitation des belligérants.

Sur l’arrière du musée du Chemin des Dames se dresse la stèle à la mémoire du 41 e BCP., avec l’inscription suivante : » A la mémoire des combattants du 41 e B.C.P. tombés glorieusement à la grotte du Dragon et au Chemin des Dames de mai à juillet 1917 – le 41e GC 27-5-1982″. Collection Fortification et Mémoire.
Descendons…. quinze mètres sous terre
La Caverne du Dragon s’étend sous un « plafond » en pierre de dix mètres d’épaisseur avec près de deux cents cavités, réparties sur une surface d’un hectare. Cavités essentiellement aménagées par les Allemands tout au long de la guerre.
La Caverne est composée de deux grandes galeries parallèles orientées nord-sud et d’annexes latérales. Elle dispose de nombreuses sorties (ou entrées) au sud, du côté des positions françaises et d’une entrée (ou sortie) au nord, tout au bout d’un long tunnel conduisant vers les positions allemandes.
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Au sud, il s’agit des entrées historiques de la carrière, celles qui étaient utilisées pour l’extraction de la pierre. De nouvelles sorties sont creusées par les occupants de la Caverne durant le conflit. Les positions françaises étant au sud du Chemin des Dames, ces sorties débouchent peu ou prou sur leurs lignes.
Au nord, le tunnel, qui fait quelques centaines de mètres de long, traverse le plateau et débouche sur une carrière ouverte sur son versant nord, sur la vallée de l’Ailette et, par conséquent, sur les positions allemandes. Les Allemands ont creusé ce tunnel en 1915 pour se réserver une issue de secours et communiquer à couvert avec leurs lignes.
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Il y a donc, des accès côté français et côté allemand, compliquant les choses. Chacun des occupants peut en effet craindre une incursion de la partie adverse.
L’entrée à l’intérieur de la Caverne du Dragon procurait aux combattants trois sentiments contradictoires : celui de se sentir à l’abri (des intempéries, du froid, des coups de l’ennemi), et paradoxalement ceux d’enfermement et de vulnérabilité (en dépit de son épaisseur, le plafond tiendra-t-il sous les coups répétés de l’artillerie lourde ?).
Durant son occupation par les troupes allemandes, la Caverne du Dragon sera aménagée pour recevoir :
- des dortoirs ;
- des soutes à munitions ;
- un poste de commandement ;
- des relais téléphoniques ;
- un poste de secours ;
- un groupe électrogène ;
- une salle d’opération ;
- des lieux d’inhumation, les sources varient sur ce point car parfois, cent vingt-quatre corps sont mentionnés ou bien l’on trouve les chiffres de cent quatorze Allemands et sept Français; une liste datée de 1920 répertorie cinquante corps retrouvés dans la Caverne du Dragon ;
- une chapelle, dont seul l’autel subsiste ;
- un point d’eau; une carte française d’octobre 1914 rapporte l’existence d’un puits de sept mètres de profondeur, à sec; le puits encore visible aujourd’hui n’a pas été creusé par les Allemands; en revanche le bassin adjacent pourrait être leur œuvre.
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Le reste de la Caverne est occupé par des hommes en armes, entre deux cents et quatre cents (six cents au maximum). Pour faciliter l’orientation dans le dédale des galeries, les Allemands réalisent un système de fléchage et numérotent les salles. Des blockhaus sont aménagés aux entrées. Les Allemands édifient à l’intérieur une série de murs destinés à se protéger d’éventuelles incursions françaises provenant des entrées sud et à se prémunir contre les attaques aux gaz.
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Les traces de cette occupation sont nombreuses mais anecdotiques : des clous fichés dans les parois pour accrocher l’impédimenta du soldat en campagne, les pièces de porcelaine servant de supports aux fils électriques et téléphoniques, du mobilier métallique dont les restes de châlits et du fil de fer barbelé. Des inscriptions, allemandes pour la plupart, attestent l’organisation de la vie souterraine.
De nombreux témoignages de soldats permettent de reconstituer ce que fut cette caserne souterraine où règne une atmosphère saturée à plus de 90% d’humidité pour une température avoisinant les 12°C : «..couloirs où l’on rampe au milieu d’invraisemblables débris; trous où l’on se glisse, salles immenses à demi comblées par les éboulis des voûtes, vastes galeries taillées dans la pierre, barrées de sacs à terre par endroit, (…) escaliers à pic encombrés des poilus de garde qui dorment pêle-mêle dans l’obscurité que trouent à peine nos lampes, au milieu d’une odeur pénible de gaz asphyxiants et de cadavres ….» [Texte d’un soldat français décrivant la Caverne du Dragon, le 29 juin 1917, quelques jours après la reprise par les Français d’une partie de la grotte.]

Magnifique photographie montrant des soldats français à l’intérieur de la Caverne du Dragon, le 7 juillet 1917. Photographe Maurice Boulet/© ECPAD Collection ECPAD.
Aujourd’hui, un lieu de mémoire
Elle est devenue site touristique et mémorial de guerre dès 1919. Le Guide Michelin des Champs de Bataille, publié en 1920, indique pour celle-ci : «Pour visiter la Caverne du Dragon, se munir de lampes électriques et de bougies (…) Ayant parcouru 150 à 200 mètres dans la galerie principale de la caverne, où l’on pourrait s’égarer en s’aventurant trop loin, revenir à l’entrée …»

L’immédiat après-guerre vit des quantités de personnes se rendre sur les champs de bataille. Pour les ex-combattants, le pèlerinage sur les lieux de souffrance pouvait participer à la délicate convalescence psychique. Pour certaines familles, il pouvait plutôt s’agir de venir marcher sur les lieux de la disparition d’un être cher, et donc d’une partie essentielle du douloureux travail de deuil. Des guides touristiques spécialisés furent très vite édités.
Alphonse Hanras, le premier guide de la Caverne du Dragon
Durant ces années de reconstruction, un artisan récupérateur de métaux, Alphonse Hanras, qui, saisissant l’opportunité de l’essor d’un tourisme de mémoire, l’aménage a minima et la fait visiter aux pèlerins et aux anciens combattants.

« Vestiges de l’Ex Ferme des Creuttes ». Sous l’arbre, on distingue deux femmes assises, l’une d’elles pourrait être la femme d’Alphonse Hanras. Série de cartes postales réalisée par Alphonse Hanras, le premier guide de la Caverne du Dragon, dans les années 1930.
Alphonse Hanras est né à Landerneau en 1892 et décédé à Oulches-la-Vallée-Foulon en 1958. Exempté en 1912 (pour cause d’infirmité à une jambe ?), il arrive dans l’Aisne en 1920 et, épouse une bretonne, à Laon, l’année suivante, même si la domiciliation de la jeune femme reste mystérieuse. Il travaille pour la Société de construction d’embranchements industriels dans le cadre de la reconstruction. En 1926, il vit à Oulches-la-Vallée-Foulon, dans une baraque provisoire. Il exerce le métier de « récupérateur » officiel de métaux sur les champs de bataille, activité encadrée très rémunératrice en ces temps de pénurie.
En parallèle, Alphonse Hanras guide les premiers touristes dans la toute proche Caverne du Dragon, dont il aménage les abords pour en faciliter l’accès, notamment par la construction d’un escalier. Il fait éditer les premières cartes postales de la «Drachenhöhle».
Progressivement, il devient un notable du secteur. Officiellement épicier (1943), puis commerçant, conseiller municipal de son village, il est à la tête d’un patrimoine non négligeable.
Dans les dernières années de sa vie, il passe le relais à Auguste Rogez (1911-1992) en tant que guide de la Caverne du Dragon. En 1968, Auguste Rogez devient salarié du Souvenir français dans le cadre du musée créé par celui-ci. Il exerce jusqu’en 1981. Un particulier, nous apprend que : «……ce grand guide qui nous donnait le frisson lorsqu’il éteignait la lumière de la grande salle ou quand les mercredi il nous laissait rentrer gratos.»
La Caverne du Dragon participe ainsi du redémarrage de l’activité humaine sur le Chemin des Dames.
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Dans la lettre du Chemins des Dames n°34, de mars 2004, figure un portrait de jeunesse d’ Alphonse Harras.
Après 1945, les visites de la grotte se poursuivent. On y met en scène un récit des combats qui impressionne le public et marque les générations.
Le 4 mai 1969, le musée du Souvenir Français ouvre ses portes, accueillant chaque année près de 30 000 visiteurs. Les images montrent que les collections, constituées de dons français et étrangers, sont présentées directement dans le souterrain. Beaucoup de ces collections ont disparu en raison des vols et de l’humidité.
En 1999, c’est l’ouverture de l’espace muséographique de la Caverne du Dragon et la création d’un itinéraire reliant les sites du Chemin des Dames, jalonné de panneaux explicatifs.

Surplombant les vallées de l’Aisne et de l’Ailette, le Chemin des Dames se découvre sur un parcours de 35 kilomètres environ. Tout au long de cette route de crête, bénéficiant d’un panorama exceptionnel, les visiteurs traversent des sites marqués par la Grande Guerre : vestiges de tranchées, monuments symboliques, églises, cimetières, villages détruits et disparus et reconstruits…
En 2007, changement d’appellation, l’espace muséographique devient « Le Musée du Chemin des Dames ».
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Le site internet de la Caverne du Dragon, pour trouver tous les renseignements utiles : ici.
Les plus de Fortification et Mémoire :
- la visite de la Caverne du Dragon :
- Anne Bellouin, responsable de la Caverne du Dragon – musée du Chemin des Dames, présente l’histoire de la Caverne du Dragon et les projets mis en œuvre pour le Centenaire de la Première Guerre Mondiale :
- Les carrières de pierre dans la Grande Guerre, document ECPAD

Photographie montrant, à l’arrière plan, l’entrée du musée du Chemin des Dames – Caverne du Dragon et, au premier plan, la sculpture de Christian Lapie baptisée » La Constellation de la Douleur « , en hommage aux tirailleurs africains morts au Chemin des Dames.
La suite de notre promenade sur le Chemin des Dames avec le système Séré de Rivières.