Le batardeau est, dans la fortification, un massif de maçonnerie qui traverse toute la largeur du fossé : on le place ordinairement vis-à-vis les angles saillants des bastions et des demi-lunes, et sur le prolongement des capitales de ces ouvrages.
On fait des batardeaux dans les fossés d'une place, pour en retenir l'eau et empêcher qu'elle ne s'écoule par les endroits du fossé qui se trouvent plus bas que les autres.
Pour qu'un batardeau soit bon et solide, il doit avoir depuis 15 pieds jusqu'à 18 pieds d'épaisseur. On le construit vis-à-vis les angles saillants des ouvrages de la fortification; parce que dans tout autre endroit il pourrait servir de couvert à l'ennemi dans le passage du fossé contre le feu de la place. Sa partie supérieure forme une espèce de toit en dos d'âne, elle se nomme la cape du batardeau. On construit sur le milieu de la cape une petite tour d'environ 6 ou 7 pieds de hauteur et d'autant de diamètre; elle sert à empêcher qu'on marche sur la cape.

Batardeau sur une écluse à Gravelines.
Dans la fortification médiévale
Apparue au milieu du XVe siècle sous la dénomination initiale de moineau puis de caponnière à peine cinquante plus tard, la caponnière « première définition » était une alternative aux tours médiévales. Sa conception avait été stimulée par les constants progrès de l'artillerie à poudre auxquels les ingénieurs militaires se devaient d'apporter rapidement des parades efficaces. On constata à cette époque que le franchissement du fossé constituait une des phases les plus cruciales d'un siège et qu'un fossé intelligemment conçu et bien défendu pouvait constituer, à moindres frais, un obstacle redoutable. Plus limitées dans leur usage tactique (puisqu'elles ne servaient qu'à la défense le fossé) mais bien moins coûteuses à construire que les grosses tours d'artillerie qu'on édifiait également à cette époque, les caponnières étaient des petits ouvrages bas, implantés en fond de fossé et recouverts d'une épaisse et massive toiture en maçonnerie posée sur voûtes et faisant office de blindage supérieur. La caponnière de la fin du Moyen Âge abritait une ou plusieurs casemates (chambres de tir voutées) permettant de faire feu avec des armes à feu portatives ou des pièces d'artillerie de petit calibre (en effet, de l'utilisation de pièce de gros calibre aurait causé de trop importants dégagements de fumées de tir, très toxiques, qui auraient rendu les casemates intenables après quelques tirs) Remplaçant les tours traditionnelles, les caponnières permettaient aux défenseurs d'une place forte de fournir des tirs de flanquement (c'est-à-dire parallèles aux courtines) tout en étant relativement à l'abri des projectiles de l'artillerie assiégeante. En effet, contrairement aux tours que leur hauteur et leur masse rendait désormais vulnérables aux canons des assaillants, les caponnières avaient l'avantage d'être défilées, c'est-à-dire d'être à l'abri des coups directs de l'artillerie de siège. Les exemples de moineaux/caponnières de cette époque subsistant encore sur notre territoire sont rares. Citons donc parmi les plus intéressants que l'on puisse observer: les exceptionnelles caponnières du petit château de Bridoré (Indre-et-Loire), le magnifique moineau à deux niveaux situé dans le grand fossé du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne), les caponnières semi-souterraines érigées en travers du fossé du fort de Salses (fin du XVe siècle, Pyrénées-Orientales) ainsi que la caponnière des fortifications de Metz implantée juste en bordure de la rivière Seille, au pied d'une portion de l'enceinte urbaine qui fut remparée à la même époque. L'une des canonnières de cet ouvrage messin est remarquable puisqu'elle présente, sur sa face externe, une sculpture obscène censée narguer l'ennemi: un soldat, penché vers l'avant et culotte baissée sur les chevilles, présente son postérieur à l'assaillant qu'il observe avec la tête à l'envers entre ses jambes, l'anus de ce personnage n'étant autre que… l'orifice circulaire de la canonnière ! Cette curieuse sculpture du XVe siècle est d'ailleurs réputée être à l'origine d'une célèbre chanson de corps de garde intitulée L'Artilleur de Metz. Hors de France, il faut mentionner les remarquables caponnières implantées au pied de l'énorme tour d'artillerie du XVe siècle - appelée fort Munot - à Schaffhouse (Schaffhausen) en Suisse.

La caponnière Dex, des remparts médiévaux de Metz.
Dans la fortification bastionnée
C'est un passage de trois mètres de largeur en moyenne, semi-enterré mais non recouvert, situé au fond du fossé et permettant, à partir d'une poterne débouchant au pied de la courtine, de joindre le corps de place à un ouvrage extérieur, une demi-lune ou une lunette par exemple. Sur toute sa longueur, la caponnière est bordée à droite et à gauche, d'un parapet (en terre ou en maçonnerie) permettant de fournir des feux d'infanterie de part et d'autre de ce passage et, partant, d'interdire à l'assiégeant de circuler librement au fond du fossé dans le cas où celui-ci serait parvenu à y descendre. Par extension, le terme caponnière fut attribué à tout passage protégé assurant une liaison entre deux ouvrages, fut-il semi-enterré en fond de fossé ou pas (voir la photo de droite montrant une caponnière à Colmar, qui n'est pas située dans le fond d'un fossé).
Dans la fortification polygonale
Remplaçant dès le milieu du XIXe siècle les bastions classiques devenus trop vulnérables aux obus de l'artillerie rayée, on désigna à cette époque sous le terme de "caponnières" des ouvrages de fortification accolés au corps de place qui servaient à défendre le fossé par des tirs de flanquement donnés au moyen d'armes à feu individuelles ou avec de la très petite artillerie conçue spécifiquement pour cet usage (comme le canon-revolver Hotchkiss par exemple) La caponnière du XIXe siècle est donc une véritable réminiscence du moineau médiéval ! La caponnière contemporaine n'est jamais plus haute que l'escarpe du corps de place (elle est même souvent plus basse) afin d'être défilée aux coups directs de l'assaillant. Elle peut être simple ou double, selon qu'elle défend un ou deux fossés. Dans ce dernier cas, cela implique qu'elle est nécessairement située à un angle du fort afin de pouvoir prendre en enfilade deux fossés convergents. Les caponnières du XIXe siècle furent aussi fréquemment implantées près des entrées des forts afin de défendre celles-ci. Certains forts -comme le fort de Marre à Verdun- avaient même leur entrée principale située dans une grosse caponnière, à l'instar de ce que fut le concept des tours-portes dans la fortification du Moyen Âge ! Les moyens d'attaque rivalisant sans cesse d'ingéniosité avec ceux de la défense -laquelle devait s'adapter pour résister- on constate que l'histoire de la fortification à travers les siècles n'est qu'une suite d'innovations intéressantes qui furent ensuite abandonnées pour être ressuscitées quelques siècles plus tard sous une forme modernisée…
Le pied des caponnières était entouré d'une cunette (un petit fossé, donc lui-même creusé dans le fond du fossé principal) sèche ou remplie d'eau. L'approche des caponnières et le franchissement de leur cunette était défendu par des créneaux de pied, sortes longues de meurtrières horizontales -une version modernisée du vieux mâchicoulis médiéval- percées dans la courtine sous la protection d'un arc de maçonnerie surbaissé et bandé entre des contreforts. Ces créneaux de pied permettaient aux défenseurs de tirer au fusil selon un angle de 45 degrés ou quasiment verticalement.
Trop exposées aux tirs courbes de l'artillerie rayée lançant désormais de redoutables obus bourrés d'explosif brisant et non plus de poudre noire, les caponnières furent délaissées à partir des dernières années du XIXe siècle au profit des coffres de contre-escarpe. C'est ainsi que les derniers forts du système Serré de Rivières qui furent édifiés ne possédaient plus de caponnières mais des coffres de contrescarpe bétonnés, profondément enfouis sous le glacis et qui permettaient de donner des feux de revers dans le fossé ceinturant le fort.

Caponnière double au fort de Condé.
Le terme de citadelle peut désigner deux formes de fortifications différentes. L'acception la plus courante est la partie fortifiée d'une ville. Un assaillant qui capture la ville reste en effet dans une situation précaire tant qu'il n'a pas pris la citadelle, exposé à des sorties des défenseurs ou à des tirs d'artillerie. Parce qu'elle est naturellement l'endroit où siège la garnison et parfois l'autorité politique, elle peut également avoir un rôle dissuasif pour éviter des révoltes. Une citadelle est généralement dans la ville elle-même, mais peut aussi être en dehors si la position est plus intéressante (sur une colline par exemple).
Le mot citadelle peut aussi être utilisé en parlant d'une place forte, dans ce cas elle n'est pas l'ensemble des fortifications, mais seulement le cœur de celles-ci, la dernière ligne de défense avant la chute de la place.
La citadelle est destinée autant à protéger cette ville qu'à la contrôler. Elle sert ordinairement de caserne et d'arsenal.

La citadelle de Lille.
Avancée de corps de place ménagée sur la contrescarpe derrière un relief de glacis, de hauteur suffisante pour permettre la circulation des défenseurs à l'abri des coups et des vues de l'ennemi. Il peut être coupé de distance en distance par des places d'armes servant aux rassemblements. Cette disposition importante dans le tracé bastionné est toujours présente dans le tracé polygonal.
Il peut être complété par :
Un avant-chemin couvert qui est un ouvrage ménagé sur la contrescarpe derrière un relief de l'avant-glacis.
Une sortie de chemin-couvert qui est une rampe douce aménagée dans le parapet du chemin couvert pour permettre de se rendre à l'extérieur, sur le glacis.

Un chemin couvert avec ses places d'armes, ses traverses et ses escaliers (ou pas de souris).