- Cunette
Dans une fortification, une cunette est un canal large de 6 mètres à 7 mètres et profond d'environ 2 mètres que l'on pratique dans le fond d'un fossé sec de fortification pour en faire écouler l'eau, ou pour en mieux disputer le passage à l'ennemi.
Canal de fond d'une fortification.

Cunette du fort de Feyzin. Le fort de Feyzin est un fort construit entre 1875 à 1877 dans la commune de Feyzin. Il est l'un des maillons de la deuxième ceinture de Lyon et plus globalement du système Séré de Rivières.
- Casemates (Casemate)
Local fortifié au moyen d'une voûte protectrice contre le tir vertical au moment où l'artillerie prit de l'importance. Préconisée par Galasso Alghisi en 1570. En France, on trouve une casemate dans les défenses du château de Bonaguil (1520-1530) et Vauban en a exécuté à Besançon en 1677. Ce sont des chambres voûtées à l'épreuve de l'artillerie, aménagées dans le rempart et comportant une embrasure permettant au canon de tirer. La tour casematée flanquante de Vauban annonce les casemates étagées à canons de Montalembert. À ces casemates dites actives, s'ajoutent des casemates passives (sans effet sur la défense) à usage de caserne ou de magasin.
Casemate Haxo : du nom du général qui réorganisa l'École de fortification de Metz (1830). Les pièces d'artillerie sont abritées dans des casemates frontales (comme celles de Montalembert) dont l'embrasure très large (minimum 1 mètre par 0,80 mètre) sont recouvertes d'une voûte en maçonnerie et d'une couche de terre. Son chef-d'œuvre se situe à Grenoble au sommet de la Bastille (casemates construites de 1824 à 1835).
Casemate cuirassée : en 1865, le capitaine du Génie de l'armée prussienne Schumman renforce la casemate Haxo en remplaçant les menuiseries par des rails et des fers en V. En France, la casemate Mougin pour un canon de 138 millimètres est la première casemate cuirassée que la France va installer dans ses fortifications. Elle est conçue par le Commandant Mougin en 1877, d'abord en fer laminé puis en fonte.

La casemate cuirassée en fer laminé du commandant Mougin pour canon de 138 millimètres du fort de château Lambert.
Casemate de Bourges : inventé par le commandant du Génie Laurent, et expérimenté en 1895 au polygone de Bourges, ce type de casemate bétonnée, pour deux pièces d'artillerie (75 millimètres) tirant en flanquement par des embrasures protégées par un mur en aile, est venu renforcer certains forts et ouvrages, principalement dans la région de Verdun.

Une des casemates de Bourges du fort d'Uxegney.
Casemate Pamart : inventée par le capitaine Léon Pamart à Verdun. Sorte de nid de mitrailleuses porté en avant d'un ouvrage et relié à lui au moyen d'une galerie souterraine. Une cloche blindée en forme de tête d'éléphant (ou d'oiseau) surmonte la casemate. La place de Verdun, de 1916 à 1917, est dotée de nombreux exemplaires de ce type de casemate. Des casemates identiques furent utilisées plus tard, dans la ligne Maginot.

Une casemate Pamart.
- Corps de garde
Un corps de garde est une construction militaire servant à protéger l'entrée d'une fortification, et souvent située au-dessus de l'unique accès à une place fortifiée. De cette pièce, les gardes pouvaient baisser la herse et lâcher des pierres ou décocher des flèches par les assommoirs sur les assaillants. Le pont-levis était en général actionné d'une autre pièce isolée, la surveillance de la porte d'entrée étant partagée entre deux équipes dans le but de diminuer les risques de trahison.
Sous l'Ancien Régime, un corps de garde est aussi un bâtiment destiné à abriter les soldats chargés de surveiller un espace stratégique militaire (porte, arsenal, bastion, ou batterie). C'est un type d'architecture militaire qui se développe en France au XVIIIe siècle.
À une époque où l'armée était garante de l'ordre public, le corps de garde servait également de poste de police.

Corps de garde du fort Médoc (Gironde).
- Fossé
Principal obstacle de la fortification, il comporte trois paramètres principaux : largeur, profondeur, mur d'escarpe. Fortement recommandé par les ingénieurs grecs dès la fin du IVe siècle avant J.C., le fossé n'était souvent que le résultat du prélèvement des terres nécessaires à l'édification de la levée. Il devient de règle après les Croisades, rendant l'approche des machines de siège plus difficile, forçant l'ennemi à faire des comblements et compliquant considérablement l'usage des mines. Sa grande largeur au Moyen Age (de 12 à 20 mètres) est parfois exceptionnelle comme à Paris (30 mètres pour les douves de Charles V, non compris un dos de 5 à 6 mètres séparant un fossé sec de 15 mètres), diminue et se soumet à des règles strictes à l'époque de la fortification bastionnée (8 à 10 mètres), alors que sa profondeur s'accentue (9 à 10 mètres), particulièrement dans les forts.
Fossé diamant
Dans la fortification moderne, le fossé diamant est un petit fossé affectant la forme d’un diamant taillé (formes anguleuses), situé en avant des ouvrages. Ce fossé est large d’un mètre à cinq mètres et profond de trois mètres à quatre mètres. Il est situé en avant de toutes sortes d’ouvrages tels que : caponnières, poternes, entrées, casemates, blocs… .
Ce fossé précéde les embrasures d’un organe de défense de façon à empêcher toute approche de ces dernières. Il était demandé que le fond du fossé diamant se situe à trois mètres au moins en dessous du niveau inférieur des embrasures. le fossé diamant sert aussi à éviter que les amas de débris de maçonnerie pouvant être provoqués par les tirs au pied des ouvrages ne viennent rapidement obturer les embrasures.
Le fossé diamant est un élément typique de la plupart des blocs de la ligne Maginot.
Caponnière du fort de Saint-Marc avec le fossé diamant l’entourant.
On nomme douve un fossé pouvant être inondé.
- Poterne
Une poterne est une petite porte qui est intégrée aux murailles d'une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants du château de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant. Placée dans le bas des courtines, au niveau des fossés, elle était généralement sous la protection des meurtrières d'une tour proche ou d'une bretèche.
Porte secondaire d’accès à la place, placée en milieu de courtine ou derrière l’orillon d’un bastion. La poterne est en général murée d’origine et ouverte seulement quand l’assaillant a choisi le secteur d’attaque.
Dans la fortification bastionnée, on appelle généralement poterne une galerie maçonnée, inclinée, voûtée et noyée dans les terres du parapet, permettant de descendre dans le fossé. La communication est établie à l'aide d'un escalier ou d'une rampe mobile en bois facilement escamotable. La poterne a ordinairement 2,50 mètres de largeur et autant de hauteur.
- Flanquement
Dans le tracé d'une fortification, c'est l'action de flanquer, de défendre un ouvrage ou une partie d'ouvrage par d'autres ouvrages latéraux. Une tour, un saillant, une caponnière ou un coffre assurent un flanquement horizontal. Un tir fichant à partir d'un mâchicoulis, d'une bretèche ou d'un créneau de pied assure le flanquement vertical du pied des murs. Le rôle du flanquement est d'annuler les angles morts. Il y a flanquement intégral quand toutes les parties d'une enceinte sont battues.
- Place forte
Une place forte, ou communément en langage militaire, une place, est un ensemble cohérent de fortifications visant à protéger non seulement le terrain enclos, mais aussi le terroir environnant et un territoire situé en arrière (vis-à-vis d'un ennemi) de la place. Les places fortes s'établissent sur les voies géographiques les plus aisées, les points de passage les plus fréquentés : soit des franchissements (site-pont, col de montagne), soit des atterrissages ou des points d'accostage (en bord de mer, de lac ou de rivière), soit tout point d'une route fréquentée.
- Chambres de tir (Chambre de tir)
Local d'un ouvrage défensif où sont placés un ou plusieurs canons.

Une chambre de tir d'un ouvrage de la ligne Maginot.
- Angle
Angle flanquant : angle par lequel le flanc d'un bastion se rattache à la courtine.
Angle flanqué : angle formé par les deux faces d'un saillant et qui en constitue "la pointe".
Angle mort : zone non atteinte par les projectiles des tirs directs; leur trajectoire étant rectiligne, l'assaillant se met à l'abri dans un angle mort avant un assaut, pour entreprendre une sape ou un fourneau de mine; le défenseur doit s'assurer de n'en laisser aucun.
- Fortification polygonale
Le marquis Marc René de Montalembert (1714-1800) conçoit un nouveau système de défense, la fortification polygonale en rupture totale avec la fortification bastionnée. Il substitue la notion de camp retranché entouré d’une couronne de forts à celle de place vouée à la défense d’un point stratégique isolé qui a progressivement perdu toute valeur militaire. En effet, les progrès de l’artillerie, notamment en portée et en précision, permettent de s’affranchir du tracé bastionné, voué à la sûreté rapprochée. Le flanquement ‘’perpendiculaire’’ en déployant sur un front un plus grand nombre de pièces aux performances accrues, assure à la fois de pouvoir contrebattre à longue distance l’artillerie de l’assaillant et se flanquer par l’appui mutuel des forts.Adopté à l’étranger, le fort polygonal tardera à s’imposer en France où cohabiteront fortifications au tracé bastionné simplifié et ouvrages polygonaux.
- Coffres de contrescarpe (Coffre de contrescarpe)
Remplaçant des caponnières, le coffre de contrescarpe est un organe de flanquement du fossé d'un fort. Intégré à la contrescarpe du fossé, et situé aux saillants d'un fort, il peut être simple ou double tirant ainsi dans une ou deux parties du fossé. Le plus souvent mais pas nécessairement, le coffre de contrescarpe est relié au reste du fort par une galerie passant sous le fossé.
Sa position avancée vers l'ennemi, le rend vulnérable au travail de sape, il est ainsi, fréquemment, le point de départ pour des galeries de contre-mines.

- Tour d'artillerie
Suite à l'apparition du boulet métallique, on abaisse les tours à la fois pour les soustraire aux coups directs, et pour y placer les canons de la place forte. On en construit de nouvelles plus basses, aux murs plus épais, ressemblant plus à des plateformes qu'à des tours. Rondes d'abord, puis ensuite de formes variées.

Une des deux tours d'artillerie du château de Fougères.
- Moineau
Le moineau est un petit ouvrage fortifié apparu dans l'architecture militaire au XVe siècle afin de compléter le dispositif défensif des systèmes de fortification.
Casemates adossées à l'escarpe, établies au pied des courtines ou sous les arches des ponts dormants, les moineaux étaient destinés à permettre aux défenseurs de battre le fond des fossés par des tirs rasants. Les embrasures de tir qui y étaient aménagées pouvaient être des canonnières ou des arbalétrières. Dès le XVIe siècle, l'amélioration de l'armement et les progrès de l'architecture militaire firent évoluer le moineau vers le modèle plus perfectionné et mieux protégé de la caponnière.

Le moineau du château de Bonaguil.
- Moineaux (Moineau)
Le moineau est un petit ouvrage fortifié apparu dans l'architecture militaire au XVe siècle afin de compléter le dispositif défensif des systèmes de fortification.
Casemates adossées à l'escarpe, établies au pied des courtines ou sous les arches des ponts dormants, les moineaux étaient destinés à permettre aux défenseurs de battre le fond des fossés par des tirs rasants. Les embrasures de tir qui y étaient aménagées pouvaient être des canonnières ou des arbalétrières. Dès le XVIe siècle, l'amélioration de l'armement et les progrès de l'architecture militaire firent évoluer le moineau vers le modèle plus perfectionné et mieux protégé de la caponnière.

Le moineau du château de Bonaguil.
- Canonnières (Cannonière)
Avec l'apparition des armes à feu, on transforme ou on remplace progressivement les meurtrières et les archères par des canonnières, afin de tirer avec les premières bombardes à main ou couleuvrines.

Canonnière au château de Caen.
- Créneaux (Créneau)
Ouverture réservée au-dessus d'un parapet entre deux merlons. Le crénelage est une succession de créneaux et de merlons, les défenseurs pouvant ainsi tirer et se mettre à couvert.
Dans la fortification moderne, on appelle créneaux, les ouvertures de tir verticales ou horizontales (exemple, les créneaux de fusillade des fortifications du XIXe siècle).

Les créneaux de fusillade de la tour de Camaret.
- Calibre
Le calibre d'une arme à feu désigne le plus souvent le plus grand diamètre de ses projectiles, mais aussi parfois celui du canon. Dans le cas des canons rayés il est alors mesuré soit au plus profond (gorge) soit au sommet (crête) des rayures.
- Contrescarpe
Talus du fossé regardant la place et faisant face au rempart. Dans la fortification moderne, on l'a revêtue d'un mur de soutènement. L'organisation de la contrescarpe donne naissance au chemin couvert et au glacis.

L'escarpe et la contrescarpe.
- Escarpe
L'escarpe est celui des deux talus d'un fossé qui se trouve du côté de la place, le talus opposé étant la contrescarpe. L'escarpe est soit en terre, soit revêtue en maçonnerie. Les premières escarpes, hautes et verticales, rappelaient les murailles antérieures où le rôle de la contrescarpe était insignifiant. L'emploi de l'artillerie tirant de loin fit sentir le besoin de défiler les escarpes contre les coups, d'où l'idée de les réduire et de les enterrer dans un fossé.

- Caponnière
Dans la fortification médiévale
Apparue au milieu du XVe siècle sous la dénomination initiale de moineau puis de caponnière à peine cinquante plus tard, la caponnière « première définition » était une alternative aux tours médiévales. Sa conception avait été stimulée par les constants progrès de l'artillerie à poudre auxquels les ingénieurs militaires se devaient d'apporter rapidement des parades efficaces. On constata à cette époque que le franchissement du fossé constituait une des phases les plus cruciales d'un siège et qu'un fossé intelligemment conçu et bien défendu pouvait constituer, à moindres frais, un obstacle redoutable. Plus limitées dans leur usage tactique (puisqu'elles ne servaient qu'à la défense le fossé) mais bien moins coûteuses à construire que les grosses tours d'artillerie qu'on édifiait également à cette époque, les caponnières étaient des petits ouvrages bas, implantés en fond de fossé et recouverts d'une épaisse et massive toiture en maçonnerie posée sur voûtes et faisant office de blindage supérieur. La caponnière de la fin du Moyen Âge abritait une ou plusieurs casemates (chambres de tir voutées) permettant de faire feu avec des armes à feu portatives ou des pièces d'artillerie de petit calibre (en effet, de l'utilisation de pièce de gros calibre aurait causé de trop importants dégagements de fumées de tir, très toxiques, qui auraient rendu les casemates intenables après quelques tirs) Remplaçant les tours traditionnelles, les caponnières permettaient aux défenseurs d'une place forte de fournir des tirs de flanquement (c'est-à-dire parallèles aux courtines) tout en étant relativement à l'abri des projectiles de l'artillerie assiégeante. En effet, contrairement aux tours que leur hauteur et leur masse rendait désormais vulnérables aux canons des assaillants, les caponnières avaient l'avantage d'être défilées, c'est-à-dire d'être à l'abri des coups directs de l'artillerie de siège. Les exemples de moineaux/caponnières de cette époque subsistant encore sur notre territoire sont rares. Citons donc parmi les plus intéressants que l'on puisse observer: les exceptionnelles caponnières du petit château de Bridoré (Indre-et-Loire), le magnifique moineau à deux niveaux situé dans le grand fossé du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne), les caponnières semi-souterraines érigées en travers du fossé du fort de Salses (fin du XVe siècle, Pyrénées-Orientales) ainsi que la caponnière des fortifications de Metz implantée juste en bordure de la rivière Seille, au pied d'une portion de l'enceinte urbaine qui fut remparée à la même époque. L'une des canonnières de cet ouvrage messin est remarquable puisqu'elle présente, sur sa face externe, une sculpture obscène censée narguer l'ennemi: un soldat, penché vers l'avant et culotte baissée sur les chevilles, présente son postérieur à l'assaillant qu'il observe avec la tête à l'envers entre ses jambes, l'anus de ce personnage n'étant autre que… l'orifice circulaire de la canonnière ! Cette curieuse sculpture du XVe siècle est d'ailleurs réputée être à l'origine d'une célèbre chanson de corps de garde intitulée L'Artilleur de Metz. Hors de France, il faut mentionner les remarquables caponnières implantées au pied de l'énorme tour d'artillerie du XVe siècle - appelée fort Munot - à Schaffhouse (Schaffhausen) en Suisse.

La caponnière Dex, des remparts médiévaux de Metz.
Dans la fortification bastionnée
C'est un passage de trois mètres de largeur en moyenne, semi-enterré mais non recouvert, situé au fond du fossé et permettant, à partir d'une poterne débouchant au pied de la courtine, de joindre le corps de place à un ouvrage extérieur, une demi-lune ou une lunette par exemple. Sur toute sa longueur, la caponnière est bordée à droite et à gauche, d'un parapet (en terre ou en maçonnerie) permettant de fournir des feux d'infanterie de part et d'autre de ce passage et, partant, d'interdire à l'assiégeant de circuler librement au fond du fossé dans le cas où celui-ci serait parvenu à y descendre. Par extension, le terme caponnière fut attribué à tout passage protégé assurant une liaison entre deux ouvrages, fut-il semi-enterré en fond de fossé ou pas (voir la photo de droite montrant une caponnière à Colmar, qui n'est pas située dans le fond d'un fossé).
Dans la fortification polygonale
Remplaçant dès le milieu du XIXe siècle les bastions classiques devenus trop vulnérables aux obus de l'artillerie rayée, on désigna à cette époque sous le terme de "caponnières" des ouvrages de fortification accolés au corps de place qui servaient à défendre le fossé par des tirs de flanquement donnés au moyen d'armes à feu individuelles ou avec de la très petite artillerie conçue spécifiquement pour cet usage (comme le canon-revolver Hotchkiss par exemple) La caponnière du XIXe siècle est donc une véritable réminiscence du moineau médiéval ! La caponnière contemporaine n'est jamais plus haute que l'escarpe du corps de place (elle est même souvent plus basse) afin d'être défilée aux coups directs de l'assaillant. Elle peut être simple ou double, selon qu'elle défend un ou deux fossés. Dans ce dernier cas, cela implique qu'elle est nécessairement située à un angle du fort afin de pouvoir prendre en enfilade deux fossés convergents. Les caponnières du XIXe siècle furent aussi fréquemment implantées près des entrées des forts afin de défendre celles-ci. Certains forts -comme le fort de Marre à Verdun- avaient même leur entrée principale située dans une grosse caponnière, à l'instar de ce que fut le concept des tours-portes dans la fortification du Moyen Âge ! Les moyens d'attaque rivalisant sans cesse d'ingéniosité avec ceux de la défense -laquelle devait s'adapter pour résister- on constate que l'histoire de la fortification à travers les siècles n'est qu'une suite d'innovations intéressantes qui furent ensuite abandonnées pour être ressuscitées quelques siècles plus tard sous une forme modernisée…
Le pied des caponnières était entouré d'une cunette (un petit fossé, donc lui-même creusé dans le fond du fossé principal) sèche ou remplie d'eau. L'approche des caponnières et le franchissement de leur cunette était défendu par des créneaux de pied, sortes longues de meurtrières horizontales -une version modernisée du vieux mâchicoulis médiéval- percées dans la courtine sous la protection d'un arc de maçonnerie surbaissé et bandé entre des contreforts. Ces créneaux de pied permettaient aux défenseurs de tirer au fusil selon un angle de 45 degrés ou quasiment verticalement.
Trop exposées aux tirs courbes de l'artillerie rayée lançant désormais de redoutables obus bourrés d'explosif brisant et non plus de poudre noire, les caponnières furent délaissées à partir des dernières années du XIXe siècle au profit des coffres de contre-escarpe. C'est ainsi que les derniers forts du système Serré de Rivières qui furent édifiés ne possédaient plus de caponnières mais des coffres de contrescarpe bétonnés, profondément enfouis sous le glacis et qui permettaient de donner des feux de revers dans le fossé ceinturant le fort.

Caponnière double au fort de Condé.
- Caponnières (Caponnière)
Dans la fortification médiévale
Apparue au milieu du XVe siècle sous la dénomination initiale de moineau puis de caponnière à peine cinquante plus tard, la caponnière « première définition » était une alternative aux tours médiévales. Sa conception avait été stimulée par les constants progrès de l'artillerie à poudre auxquels les ingénieurs militaires se devaient d'apporter rapidement des parades efficaces. On constata à cette époque que le franchissement du fossé constituait une des phases les plus cruciales d'un siège et qu'un fossé intelligemment conçu et bien défendu pouvait constituer, à moindres frais, un obstacle redoutable. Plus limitées dans leur usage tactique (puisqu'elles ne servaient qu'à la défense le fossé) mais bien moins coûteuses à construire que les grosses tours d'artillerie qu'on édifiait également à cette époque, les caponnières étaient des petits ouvrages bas, implantés en fond de fossé et recouverts d'une épaisse et massive toiture en maçonnerie posée sur voûtes et faisant office de blindage supérieur. La caponnière de la fin du Moyen Âge abritait une ou plusieurs casemates (chambres de tir voutées) permettant de faire feu avec des armes à feu portatives ou des pièces d'artillerie de petit calibre (en effet, de l'utilisation de pièce de gros calibre aurait causé de trop importants dégagements de fumées de tir, très toxiques, qui auraient rendu les casemates intenables après quelques tirs) Remplaçant les tours traditionnelles, les caponnières permettaient aux défenseurs d'une place forte de fournir des tirs de flanquement (c'est-à-dire parallèles aux courtines) tout en étant relativement à l'abri des projectiles de l'artillerie assiégeante. En effet, contrairement aux tours que leur hauteur et leur masse rendait désormais vulnérables aux canons des assaillants, les caponnières avaient l'avantage d'être défilées, c'est-à-dire d'être à l'abri des coups directs de l'artillerie de siège. Les exemples de moineaux/caponnières de cette époque subsistant encore sur notre territoire sont rares. Citons donc parmi les plus intéressants que l'on puisse observer: les exceptionnelles caponnières du petit château de Bridoré (Indre-et-Loire), le magnifique moineau à deux niveaux situé dans le grand fossé du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne), les caponnières semi-souterraines érigées en travers du fossé du fort de Salses (fin du XVe siècle, Pyrénées-Orientales) ainsi que la caponnière des fortifications de Metz implantée juste en bordure de la rivière Seille, au pied d'une portion de l'enceinte urbaine qui fut remparée à la même époque. L'une des canonnières de cet ouvrage messin est remarquable puisqu'elle présente, sur sa face externe, une sculpture obscène censée narguer l'ennemi: un soldat, penché vers l'avant et culotte baissée sur les chevilles, présente son postérieur à l'assaillant qu'il observe avec la tête à l'envers entre ses jambes, l'anus de ce personnage n'étant autre que… l'orifice circulaire de la canonnière ! Cette curieuse sculpture du XVe siècle est d'ailleurs réputée être à l'origine d'une célèbre chanson de corps de garde intitulée L'Artilleur de Metz. Hors de France, il faut mentionner les remarquables caponnières implantées au pied de l'énorme tour d'artillerie du XVe siècle - appelée fort Munot - à Schaffhouse (Schaffhausen) en Suisse.

La caponnière Dex, des remparts médiévaux de Metz.
Dans la fortification bastionnée
C'est un passage de trois mètres de largeur en moyenne, semi-enterré mais non recouvert, situé au fond du fossé et permettant, à partir d'une poterne débouchant au pied de la courtine, de joindre le corps de place à un ouvrage extérieur, une demi-lune ou une lunette par exemple. Sur toute sa longueur, la caponnière est bordée à droite et à gauche, d'un parapet (en terre ou en maçonnerie) permettant de fournir des feux d'infanterie de part et d'autre de ce passage et, partant, d'interdire à l'assiégeant de circuler librement au fond du fossé dans le cas où celui-ci serait parvenu à y descendre. Par extension, le terme caponnière fut attribué à tout passage protégé assurant une liaison entre deux ouvrages, fut-il semi-enterré en fond de fossé ou pas (voir la photo de droite montrant une caponnière à Colmar, qui n'est pas située dans le fond d'un fossé).
Dans la fortification polygonale
Remplaçant dès le milieu du XIXe siècle les bastions classiques devenus trop vulnérables aux obus de l'artillerie rayée, on désigna à cette époque sous le terme de "caponnières" des ouvrages de fortification accolés au corps de place qui servaient à défendre le fossé par des tirs de flanquement donnés au moyen d'armes à feu individuelles ou avec de la très petite artillerie conçue spécifiquement pour cet usage (comme le canon-revolver Hotchkiss par exemple) La caponnière du XIXe siècle est donc une véritable réminiscence du moineau médiéval ! La caponnière contemporaine n'est jamais plus haute que l'escarpe du corps de place (elle est même souvent plus basse) afin d'être défilée aux coups directs de l'assaillant. Elle peut être simple ou double, selon qu'elle défend un ou deux fossés. Dans ce dernier cas, cela implique qu'elle est nécessairement située à un angle du fort afin de pouvoir prendre en enfilade deux fossés convergents. Les caponnières du XIXe siècle furent aussi fréquemment implantées près des entrées des forts afin de défendre celles-ci. Certains forts -comme le fort de Marre à Verdun- avaient même leur entrée principale située dans une grosse caponnière, à l'instar de ce que fut le concept des tours-portes dans la fortification du Moyen Âge ! Les moyens d'attaque rivalisant sans cesse d'ingéniosité avec ceux de la défense -laquelle devait s'adapter pour résister- on constate que l'histoire de la fortification à travers les siècles n'est qu'une suite d'innovations intéressantes qui furent ensuite abandonnées pour être ressuscitées quelques siècles plus tard sous une forme modernisée…
Le pied des caponnières était entouré d'une cunette (un petit fossé, donc lui-même creusé dans le fond du fossé principal) sèche ou remplie d'eau. L'approche des caponnières et le franchissement de leur cunette était défendu par des créneaux de pied, sortes longues de meurtrières horizontales -une version modernisée du vieux mâchicoulis médiéval- percées dans la courtine sous la protection d'un arc de maçonnerie surbaissé et bandé entre des contreforts. Ces créneaux de pied permettaient aux défenseurs de tirer au fusil selon un angle de 45 degrés ou quasiment verticalement.
Trop exposées aux tirs courbes de l'artillerie rayée lançant désormais de redoutables obus bourrés d'explosif brisant et non plus de poudre noire, les caponnières furent délaissées à partir des dernières années du XIXe siècle au profit des coffres de contre-escarpe. C'est ainsi que les derniers forts du système Serré de Rivières qui furent édifiés ne possédaient plus de caponnières mais des coffres de contrescarpe bétonnés, profondément enfouis sous le glacis et qui permettaient de donner des feux de revers dans le fossé ceinturant le fort.

Caponnière double au fort de Condé.
- Mâchicoulis
Un mâchicoulis est une structure de pierre faisant encorbellement, dotée d'ouvertures, et placée au sommet d'une tour ou d'une courtine, ce qui permet un tir fichant.
Ce système de défense active, surtout sous la forme de « mâchicoulis sur consoles » se répand à la fin du Moyen Âge, deuxième moitié du XIVe siècle, en remplacement des hourds, et sert comme lui à jeter divers matériaux pour défendre le pied des fortifications.
A l'apparition de l'artillerie, les mâchicoulis disparaissent où n'ont plus qu'un intérêt décoratif.

Les mâchicoulis de la porte sainte-Catherine de Rhodes.
- Glacis
Raccorde la crête du chemin couvert au terrain extérieur. Il se présente en pente assez douce pour que son plan passe en dessous de la crête du parapet afin que les défenseurs puissent l'apercevoir complétement et le battre de leurs feux. Vu de la campagne, il masque les chemins couverts et l'escarpe.
Par extension, le terme est employé pour désigner un espace-tampon ménagé par une puissance autour de ses frontières par le contrôle de régions, voire de pays, limitrophes, afin d'optimiser la défense de son territoire. Il peut être dans ce cas nommé «zone démilitarisée».
- Demi-lune
Une demi-lune constitue avec la tenaille, située derrière elle, les éléments des fortifications classiques qu'on appelle les dehors. Elle alterne avec les bastions, pour croiser ses feux avec ceux-ci.
Placée devant la courtine du corps de place et plus haute qu'elle, elle dérobe celle-ci aux vues et aux tirs de l'assaillant. Détachée du corps de place et non protégée sur l'arrière, sa prise ne constitue pas un avantage déterminant pour l'attaquant qui a des difficultés pour s'y maintenir et amener de l'artillerie pour attaquer la place elle-même.
Vauban la dote d'un réduit qui complique encore sa capture. Elle sert en outre souvent à protéger les portes de la place.

La demi-lune de Berry de la place forte de Mont-Dauphin. Collection sites vauban.org.

Bergues, le réduit de demi-lune des jésuites.
- Courtine
Mur de fortification continue entre deux tours ou deux bastions. Une enceinte est une alternance de courtines et de points forts (bastions ou tours).
- Courtines (Courtine)
Mur de fortification continue entre deux tours ou deux bastions. Une enceinte est une alternance de courtines et de points forts (bastions ou tours).
- Bastions (Bastion)
Son invention au début du XVIe siècle est une réponse au développement de l'artillerie et de l'emploi des mines. On attribue les premiers essais de construction de fortifications bastionnées à Francesco di Giorgio Martini.
Les premières applications en France peuvent se voir à Navarrenx, alors en Navarre, à Saint-Paul-de-Vence et à Montreuil-sur-Mer dont les remparts ont été construits, le premier, à partir de 1540 sur les plans de Fabricio Siciliano et le second, en 1544, sur ceux de Jean de Renaud de Saint-Rémy. En 1585, l'ingénieur italien Aurelio Pasini fit ériger des fortifications à Vitry-le-François.
Sa forme est pentagonale, avec deux faces vers l'ennemi, deux flancs fournissant les feux de flanquement sur la courtine et la gorge vers le corps de place. Les flancs étaient de deux types, droits ou courbes avec des orillons. Le bastion pouvait être plein et coiffé d'un cavalier, une plateforme surélevée, elle aussi pentagonale, où se positionnait l'artillerie à longue portée. Les bastions alternaient avec des ouvrages avancés, les demi-lunes et tenailles qui croisaient leur feux avec ceux des bastions, dessinant un plan général en étoile. Les angles des bastions étaient souvent équipés d'une échauguette pour les sentinelles du fort.
À son origine, le bastion était lié au corps de la fortification principale et la chute de l'un d'entre eux signifiait le plus souvent la chute du fort. Vauban innova en le transformant en ouvrage détaché, qu'il nomma contre-garde. La tour bastionnée qui le remplaçait sur le corps de place permettait alors de tirer avec de l'artillerie, sur l'arrière du bastion, après sa capture, ce qui rendait la tâche de l'assaillant encore plus compliquée. La gorge des bastions est soit ouverte, fermée ou remparée. Le bastion est plein quand son terre-plein est au niveau des courtines, vide lorsque son terre-plein est en contrebas de ce niveau. Le bastion peut être défendu par plusieurs casemates.

Saint Martin de Ré. Les demi-lunes, îlots triangulaires également entourés par le fossé, une à gauche (43) et une à droite (42), en avant garde. Trois bastions triangulaires (29/30/31), ayant aux extrémités latérales un orillon masquant trois embrasures (dont les canons, invisibles de l'attaquant, balayaient le fossé de leurs boulets et mitraille) relié aux bastions voisins par la courtine.
- Casemates (Casemate)
Une casemate, également appelée bunker ou blockhaus, est un local, souvent partiellement enterré, d'une fortification, d'un fort voire d'une tranchée, qui est à l'épreuve des tirs ennemis. On peut classer les casemates en deux catégories : les casemates passives destinées à abriter la troupe ou du matériel, comme, dans un casernement de fort Séré de Rivières ou dans le Führerbunker, le bunker protégeant Hitler des ennemis et des tirs d'obus, et les casemates actives protégeant ainsi des organes de tir (casemate d'artillerie ou d'infanterie).
Par extension, dans la Ligne Maginot et les fortifications du XXe siècle, une casemate peut être une construction isolée mais de taille assez importante.

La casemate de Dambach.
- Lunette
Ouvrage avancée ou détachée de l'architecture bastionnée. On l’emploi le plus souvent pour couvrir un passage. Dans l'organisation des places fortes (période 1870 à 1885), c'est la forme qui remplit les meilleures conditions pour les forts détachés de la fortification permanente sur un terrain idéal. Il suffit de donner à chacun des côtés de l'ouvrage une longueur d'autant plus grande que le but qu'il doit battre est plus important.
Petit ouvrage avancé sur les dehors, pour surveiller des approches cachées à la place. Elle est souvent placée sur la capitale (axe de symétrie) d’un bastion.

La lunette « 10 » de Langres (le nombre est tiré de la nomenclature militaire qui a l’habitude de numéroter les différents ouvrages et bâtiments) est un ouvrage fortifié faisant partie des défenses de la citadelle. Construite en 1848 en même temps que la citadelle elle-même, elle se présente sous la forme d’un fortin polygonal entouré de profonds fossés et entièrement autonome. Installée à quelques dizaines de mètres en avant des bastions de la citadelle, elle est une sorte de « sentinelle », un point d’appui avancé destiné à ralentir une attaque venant du plateau. Ouvrages rares et fragiles du fait de leur isolement, les lunettes ont souvent été démolies suite à l’extension périurbaine; Langres a la chance d’en conserver encore une (sur les deux originelles).